Note: la critique et la note qui suivent s'appliquent au côté technique de la ressortie du film en 2012.
On pourra dire ce que l'on veut de James Cameron, qu'il fait du cinéma facile et grand spectacle, ou encore qu'il ne pense qu'aux $$$ avec cette ressortie de Titanic, sous prétexte du centenaire de son naufrage, et qui plus est en 3D (à l'image d'un Mr. Lucas et son Star Wars, ou bien Disney et son Roi Lion). Mais il faudrait être d'une extrême mauvaise foi pour dire qu'il se fout de la gueule du public. Non, bien au contraire. Le réalisateur est un perfectionniste et propose toujours un travail de choix. Et cette nouvelle édition du Titanic ne déroge pas la règle.
Le film reste ce qu'il est, une ode à l'amour, à la vie, sur fond de division de classes sociales, et surtout d'une des catastrophes humaines les plus marquantes de ce dernier siècle. Quand on fait un film historique dans le genre, on prend l'avantage qu'il ne se démode guère peu importe l'époque à laquelle il est diffusé. Le seul point auquel il faille faire attention, c'est la qualité technique de l'image, qui trahit tout de suite les films qui commencent à dater.
Presque 15 ans après sa première mondiale, le film n'a pas pris une ride. Mieux encore, il s'est embellit. Merci au re-mastering 4K. L'image est propre, riche en détails et précision. La colorimétrie au poil ! Le bleu de l'océan est profond et particulièrement prenant, tandis que les gros plans sur les visages se choppent un piqué épatant. La coque du paquebot est rutilante, les intérieurs foisonnent de leurs couleurs classieuses, et les blancs n'ont pas jauni d'un iota. Vraiment un très beau lifting qui a été réalisé ici ; à tel point que le film ne souffre guère de comparaison visuelle avec une œuvre actuelle.
Parlons du principal, la 3D. Oubliez les effets de jaillissement, c'est celui de profondeur qui s'installe, et ce n'est pas plus mal. Contrairement à un découpage grossier des premier arrière plans dans la plupart des conversions, c'est plutôt un travail tout en minutie qui s'est déroulé pour Titanic. Tout apparaît comme si on était à la place de la caméra. Les visages plus proches que jamais, tandis que les flous dus à l'accommodation conserve également leurs niveaux de profondeur. Des premiers plans sous-marins où les particules flottent dans l'espace de relief créé aux dauphins qui se mouvent sous la surface d'une eau plus que jamais distincte. L'envergure du paquebot est également mise à l'épreuve et offre un fort spectacle de gigantisme avec des couloirs qui se perdent dans le lointain et la démesure du navire enfin pleinement appréciable. Les hauteurs sont d'ailleurs bluffantes de réalisme (scènes où l'arrière du Titanic se relève, Nathan qui tire dans l'eau, entre autres). Que ce soient les reflets sur les hublots (dont on pourrait presque mesurer l'épaisseur du verre), les focales des caméras toujours précises, ou bien les jeux de lumière soigneusement retravaillés pour le relief, rien n'a échappé à ce dépoussiérage HD en trois dimensions. La séquence de nuit du canot de sauvetage avec la vigie qui balaye l'océan à la recherche de survivants se veut d'ailleurs sacrément intense. Reste un bémol pour les plans parfois trop rapides qui accusent une perte de mise au point sur le sujet et davantage de flou. Mais même les films en 3D native ont du mal à éviter cet écueil. Peut-être que Bilbo le Hobbit saura changer la donne avec son tournage à 48 fps ; réponse en fin d'année.
A l'instar du monument Avatar qui avait marqué un tournant dans le monde du cinéma, et imposé de nouvelles méthodes de réalisation, pour le rendu bluffant de sa 3D, James Cameron établit de nouveau un standard pour les films convertis en 3D. Ce Titanic 3D est une belle preuve qu'il est vraiment possible d'obtenir un résultat de haute volée, qui frôle de très près les meilleures œuvres tournées dans ce format (Avatar, Tron: Legacy, Transformers 3), malgré le fait d'utiliser la post-conversion. Une idée faussée à longueur de temps depuis près de 3 ans par les studios qui préfèrent en affubler la plupart des blockbusters, avec une conversion à la va-vite qui n'a jamais fait de miracles (Choc des Titans, Thor...), plutôt que de se donner un an d'envergure (peut-être moins avec des masters récents) pour présenter un film visuellement au top. Bravo Cameron, et vivement 2016 qu'il nous présente sa prise en main sur du 48 fps (ou 60) avec Avatar 2.