"Titanic" est sorti il y a 16 ans. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Cela permet de le regarder comme un simple film, loin du battage, de la publicité, voire de la propagande dont il a fait l’objet.
Beaucoup de choses peuvent être dites sur "Titanic". Que c’est un des films les plus chers de l’Histoire, une méticuleuse reconstitution de l’énigmatique paquebot, une reprise bas de plafond de "Roméo et Juliette", un gigantesque nanar, les choix sont libres et les goûts indiscutables. Néanmoins, quel qu’il soit, "Titanic" est réussi. Nonobstant les moyens financiers et techniques mis en œuvre pour sa réalisation, il est agréable à suivre, bien joué, et surtout bien réalisé.
Bien que le naufrage soit l'apogée du film, il n’en est pas la raison d’être. Les 90 premières minutes présentent des personnages certes stéréotypés, mais non dénués d’intérêt, et il est agréable de voir Dicaprio et Kate Winslet si jeunes, surtout en pensant à ce qu’ils sont aujourd’hui, et aux choix judicieux qu’ils ont faits dans leurs carrières.
Avant la collision, on est face à une romance, thème cinématographique glissant, dans lequel on n’attendait pas forcément James Cameron. En effet, si le naufrage a dû répondre à tous ses besoins "monumentaux", il a néanmoins fait de cette romance une histoire cohérente et justifiée, et non un prétexte fallacieux à une accumulation d’effets spéciaux. Bref, il a fait du cinéma.
Le naufrage et tous ses artifices sont, eux aussi, plaisants à voir. C’est toujours visuellement impressionnant (le film vieillit donc très bien), mais il est surtout intéressant de voir comment Cameron s’amuse avec les lumières, les couleurs et les sons. On retiendra tout particulièrement la scène où Rose court dans les couloirs, cherchant à sauver Jack, attaché à un tuyau. C’est parfois très sombre, parfois bleu presque fluo. On se surprend alors à penser à "Abyss", où Cameron a montré pour la première fois sa fascination pour l’eau.
Au bout de 3h14 de film, que retient-on ? Un film rempli de clichés ? Oui. Très fleur bleue ? Oui. Qui dure longtemps ? Oui. Un nanar alors ? Peut-être. Mais un nanar formidable.