Acculé dans les tranchées de la Somme, le lieutenant John Tolkien se remémore son enfance miséreuse, sa camaraderie franche au collège et son amour pour la belle Edith.
Longtemps, le biopic du Seigneur des anneaux ressemble à s’y méprendre à une relecture du Cercle des poètes disparus. A la King Edward’s School, le futur écrivain, pauvre et orphelin, se lie d’amitié avec un peintre, un poète et un compositeur en devenir. Malgré les obstacles familiaux et sociétaux, tous se persuadent que l’art a le pouvoir de changer le monde. La communauté « barrovienne » des buveurs de thé est fondée, source d’inspiration de l’alliance disparate chargée de détruire l’anneau maléfique.
Avec plus ou moins de subtilité, le film évoque furtivement d’autres éléments annonciateurs de l’œuvre légendaire. La verte contrée sudafricaine rappelle la rassurante Comté. Alors que les fumées périurbaines de Birmingham préfigurent les forges de l’Isengard. Quant à l’œil de Sauron et le souffle de Smaug, ils enflamment les terres sales de la Grande Guerre.
Les images sont léchées, l’interprétation et la reconstitution honnêtes. Le kitsch est parfois frôlé, dans la romance contée notamment. Au final, l’histoire sage de J. R. R. Tolkien, non adoubée par ses héritiers, se laisse découvrir avec un intérêt poli, alors qu’elle aurait mérité du fantastique.
6/10
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