C’est qui ce Dolan, ou Nolan ? Je pensais que c’était Christopher Nolan qui se cachait sous une fausse identité, vu que le gars sur l’affiche à un faux air du Joker teint en blond avec sa coupure au coin des lèvres. J’ai regardé ce film parce qu’on m’a parlé de suspense. Quelqu’un a même rajouté le nom qui tue : Hitchcock. L’individu qui a dit ça n’a du jamais voir un film d’Hitchcock de toute sa vie pour oser une comparaison aussi ridicule. Le suspense dans ce film est tellement refroidi qu’il a dût être congelé par le blizzard canadien. Il y a un début de huis-clos, mais ça se poursuit plus en vaudeville perdu dans la campagne. On a parfois l’impression qu’il va se passer quelque chose d’énorme, mais il ne se passe jamais rien. Comme dans tout « suspense » francophone des années 2000, (action minimum, lenteur exigée, dialogues banals, plans simples et rugueux, et suspense si on veut bien le trouver). Alors c’est vrai que les violons qu’on entend peuvent faire penser à une tension, créer un début d’émotion. Les personnages dont on ne sait pas grand-chose, sont mystérieux puisqu’on ne sait pas grand-chose d’eux. Toute l’entreprise est démentie par le ton exercice de style du film. On tourne en rond comme Blondin dans cette ferme. On tourne en rond dans un jeu de dupes.
Un personnage principal tellement bête qu’on ne comprend pas pourquoi, et un second rôle trop, trop fort pour lui, qu’on sait dès le départ que Blondin va se faire bouffer psychologiquement. Quel est l’intérêt donc ? On a l’impression que le réalisateur s’amuse, expérimente voire improvise sans savoir où il veut aller. Blondin veut fuir, mais ne fuit pas, il est attiré par son geôlier, mais n’est pas attiré, veut parler lors de l’enterrement de son ami, mais finalement ne parle pas, trop de vides sans réponses. Il faut parfois penser que le spectateur est très bête et lui donner quelque chose à voir ou une solide matière à réflexion. Là, l’auteur ne me donne rien de plus qu’un vaudeville campagnard avec un 4X4, une mère, une brute, un idiot blond, le reste je dois le faire moi-même. On n’est pas au théâtre ici ! Je dois deviner ce qu’il a peut-être voulut dire, ce qu’il ne dit pas, ce qu’il n’a pas voulut montrer, et même ce qu’il montre, puisque c’est trop banal pour être banal. Ça fait un peu beaucoup. Et je n’ai pas envie de me casser la tête, ce film ne m’excite pas assez pour ça.