Une histoire d'amour gay belle, pudique et déchirante qui souffre de longueurs et de manque de rythm

Voici une romance gay contrariée venue des antipodes ou, en tout cas, d’une contrée plutôt rare sur nos écrans et plateformes de streaming : Taïwan. Et l’un des intérêts du film est qu’il place cette histoire d’amour entre deux jeunes hommes adultes en 1987, date à laquelle cette île mit un terme à la loi martiale et commença son chemin vers la démocratie (et donc une plus grande ouverture d’esprit). La première partie convoque donc les difficultés pour nos deux personnages principaux de vivre leur relation amicale et amoureuse au grand jour. L’interdit est donc le fer de lance de « Ton nom gravé sur mon cœur » est c’est bien représenté, de manière fine, intelligente et instructive, nous rappelant qu’être homosexuel à certaines époques et certains lieux était terriblement compliqué.

Le contexte de leur histoire d’amour ajoute donc du coffre à ce beau petit film. La reconstitution de l’époque, entre nostalgie et rappel nécessaire, est parfaitement rendue. Ensuite, la mise en place des sentiments naissants est touchante. Tout passe par des petits gestes, des regards furtifs ou des paroles lourdes de sens. C’est très juste et pudique. Peut-être un peu trop sur la retenue parfois mais la plupart des séquences sont emballées comme il faut et s’avèrent étonnamment réussies en dépit de leur difficulté. Notamment pour les scènes d’étreinte, rares mais d’une beauté et d’une sensualité irréprochable (surtout la séquence de la douche). Ces scènes peuvent vite tomber dans le voyeurisme ou la gêne mais ici pas du tout; et celle-là en particulier se révèle bouleversante. La musique jazzy en mode mineur ajoute un cachet occidental et original qui fait son petit effet.

Mais, il y a un gros mais : comme dans beaucoup de films asiatiques, les sentiments sont trop contenus (question de culture) et surtout « Ton nom gravé sur mon cœur » est trop long et lent parfois. On aurait pu retirer un bon quart d’heure au film pour le rendre plus digeste et captivant. Parfois notre intérêt pour cette belle et triste histoire s’amenuise à cause de cela. On alterne donc séquences intéressantes et d’autres plus accessoires ou trop étirées. Le film n’est pas pour autant contemplatif mais on a parfois du mal à entrer dans la tête des personnages. La dernière partie au Canada est un ajout original qui valide la beauté et la croyance d’un amour intemporel. Un joli petit film d’amour contrarié entre hommes qui touche, bouleverse mais ennuie aussi parfois ce qui, de facto, ne le rend pas incontournable.

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