Ah, Toni Erdmann, ce film qui te dit que les meilleurs moments c'est ceux que tu passes avec les gens que tu aimes... après avoir passé 2h45 à le regarder seul, parce que tout le monde s'est endormi ou a préféré aller éplucher des patates , malgré le fait qu'on a déjà mangé ce soir, mais que manifestement, c'était une activité plus intéressante que de continuer à s'imposer ce machin.
Je ne peux pas être en total désaccord là-dessus, même si Tonni Erdmann possède à n'en pas douter quelques moments de grâce, tels que ceux où Ines se met à chanter, dévoilant une part d'elle même qu'elle semble avoir voulu enterrer; la volonté un peu désespérée de faire rire sa fille de la part de Winnifred/Toni, comme si ce rire pouvait les rapprocher à nouveau ou redonner un vrai sourire à sa fille; et bien sûr, cette fin baignant dans l'absurde et particulièrement réussie lorsque sa fille essaye de rétablir une connexion avec son père en chaussant elle même les fameuses fausses dents qui transformaient son père en Toni, et que celui-ci voulant prendre une photo la laisse justement seule au moment le moins approprié, renvoyant sans doute à la difficulté de se connecter dans un monde ou l'image domine.
Je suis donc très partagé quant à ce film: d'un coté, j'apprécie son propos, et le mélange de mélancolie, d'humour et de désespoir poli qui le traverse; j'apprécie certaines scènes également, mais dans l'ensemble, je trouve que le film est trop long, et que la réalisatrice semble ne pas avoir voulu couper dans le gras de son film pour lui donner un éclat qu'il perd assurément au long des 2h45 qui le constitue.
Un film que je ne peux pas déconseiller malgré une note qui reflète ma déception de m'être tant ennuyé durant 1h30, d'autant que le nombre d'avis dithyrambiques placardés sur l'affiche ne peut pas être uniquement dû à une position purement commerciale, et que forcément certaines personnes semblent avoir vraiment apprécié le travail de Maren Ade et de son équipe. Car au delà de mes réticences le film a des qualités indéniables, et quelques scènes très réussies, ainsi qu'une âme, c'est certain, même si elle semble s'être par trop diluée dans des longueurs qui desservent l'œuvre et atténuent son impact.