Top Gun
5.8
Top Gun

Film de Tony Scott (1986)

Trois ans à peine après la sortie de « The Hunger », Tony Scott est mobilisé pour un projet de haute voltige. Rien à voir donc avec son bal de vampires, qui luttent contre la vieillesse et l’éternité. Il n’y a que des uniformes de l’US Air Force que l’on distingue, si ce n’est le corps masculin, qui assoit une certaine autorité, que ce soit dans le vestiaire ou aux commandes d’un F-14. Autant dire que la testostérone va de pair avec l’avion de chasse, car c’est précisément là où le fil veut en venir, avec sa propagande qui ne néglige pourtant pas le spectateur, venu pour décoller de son siège. Toute une génération s’est emballée à l’idée de servir le drapeau, portée par Reagan, mais finalement, c’est plutôt pour le comédien vedette que l'on reste aussi longtemps devant l’écran.


La chance pour Maverick de rentrer à Top Gun est inouïe, mais cet opportunisme est l’affaire de toute une vie orgueilleuse, en parallèle de l’ego surdimensionné de Tom Cruise pour ses cascades. Nous lui devons bien ça d’être le chaperon d’un petit monde, où le machisme serait le principal propos de ses films. Ici, l’allusion est plus qu’évidente et on n’hésitera pas à verser dans l’homosexualité, quand il s’agira pour le jeune pilote de confronter son rival, Iceman (Val Kilmer). Les mâles alpha jouent une partie de chasse dans une académie qui souhaite les faire rentrer dans le rang et ce sera aux dépens du héros, qui apprendra un peu plus à s’affirmer. Une quête identitaire tourne autour de ce dernier, pas très malin et mais suffisamment arrogant pour se bâtir un mur d’illusion, quant à son enfance, qu’il a pu vivre pleinement et sans figure autoritaire pour le freiner.


C’est bien entendu ce qu’il est amené à rencontrer lors de ses vols d’entraînements ou dans le petit espace de vie qu’on lui laisse dans la base. La résistance de la sulfureuse Charlie (Kelly McGillis) l’amènera à laisse le gamin tourmenté et maladroit derrière lui pour enfin devenir un homme, avec l’esprit de séduction par-dessus, qui relègue alors rapidement la gent féminine au second plan. C’est de loin la vitesse qui intéresse le cinéaste, qui met le paquet dans la captation en plein air, directement dans le cockpit. Cela nous donne droit à un véritable vertige, authentique et forcément applaudi pour l’audace. Les combats aériens sont chorégraphiés avec soin pour que cela reste lisible, puis le son des moteurs et des vrilles suffira amplement à satisfaire le spectacle du grand écran.


L’enjeu humain de « Top Gun » pourrait forcer le respect, mais les dialogues ne travaillent pas sur la même intensité que les plans aériens. Ils sont au plus bavards et sans la conviction souhaitée, tel un méga spot publicitaire qui doit rester accessible. La romance est à double tranchant ici, mais l’esprit de corps sera le catalyseur principal de Maverick, comme pour souligner une once de culpabilité à troquer contre une médaille. Réhabiliter cette branche de l’armée semble la motivation la pertinente du récit, mais cela se fera souvent au détriment d’autres sensations fortes, manquées sur le tarmac. Il restera tout de même l’élan de l’œuvre, celui qui stimule nos neurones jusqu’à l’éjection d’urgence, signe que ce plaisir est éphémère.

Cinememories
6
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le 13 mai 2022

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