USS Alabama avait clairement calmé mes envies de découvrir la filmographie de Tony Scott, mais en voyant Top Gun à l'affiche du cinéma je me suis dit que je pouvais lui laisser une chance, que c'était sans doute pas un film culte pour rien... Bon finalement ça vole pas très haut (hin hin), c'est le blockbuster formaté typique des années 80 donc forcément ça a pris un méchant coup de vieux, mais ça reste toujours plus regardable que le navet avec les sous-marins.
Enfin regardable, c'est un bien grand mot. Disons que l'histoire arrive à tenir sur 1H50 et qu'on ne s'ennuie pas. Après, le film est monté avec les pieds, les scènes aériennes ne sont pas lisibles (à l’exception du moment où le vol se passe mal, mais c'est compensé par un ridicule poussé). La plupart du temps, les avions partent dans tous les sens sans qu'on arrive à les situer, du coup on ne sait jamais trop quelle est la situation du héros. Pour cela il aurait fallu suivre leur charabia technique, mais si le réalisateur n'a pas envie de me faire comprendre clairement ce qu'il se passe, pourquoi je ferais un effort ?
Ce n'est guère mieux au niveau du scénario. Outre la rivalité complétement anecdotique, on a une histoire de dépassement de soi vue et revue. Tom Cruise joue un personnage plat et unidimensionnel qui ne suscite que peu d'empathie (et encore, ça vient du charisme de l'acteur). L'histoire avec son père sort de nulle part, tout comme la romance avec l'instructrice. Ce couple est forcé, ils sont amoureux dès la troisième fois qu'ils se croisent, c'est à la fois cucul et navrant. Et puis de toute façon même si c'était bien fait je ne vois comment on pourrait y croire avec tous les signes crypto-gay "dissimulés" dans le film. Je ne vais pas me plaindre, mais voir ces éphèbes se faire des accolades, faire continuellement référence à leur engin et jouer au volleyball le torse ruisselant de sueur, ça laisse perplexe. On retiendra les dialogues entre Cruise et Kilmer en champ contre-champ : l'angle de la caméra rapproche tellement les visages que ça en devient gênant. Et pourtant c'est filmé avec grand sérieux.
Ce côté premier degré est d'ailleurs rompu par les différentes musiques au synthé. On a l'impression que les responsables ont choisi de mettre les derniers tubes à la mode dans leur blockbuster. Elles jurent avec l'ensemble et donnent l'impression de regarder un clip, déjà que Top Gun est une immense publicité pour l'aviation américaine... Pourtant ce côté propagande ne se fait pas ressentir (si on oublie les ennemis déshumanisés), on ne nous enfonce pas le patriotisme américain au fond de la gorge, c'est déjà ça. Mais Top Gun reste un blockbuster bas du front, très vite oubliable.