Total Recall par batman1985
Auréolé de quelques beaux succès d'un point de vue artistique de sa période néerlandaise, Paul Verhoeven ne pouvait qu'intéresser à un moment donné ou un autre, le monde hollywoodien. Il s'exile donc aux USA où il réalisera La chair et le sang avec Rutger Hauer (et en co-production avec les Pays-Bas et l'Espagne) et RoboCop avant de s'attaquer à Total Recall, oeuvre de science-fiction faisant également la part belle à l'action.
Librement adapté d'une nouvelle de Philip K. Dick, We can remember it for you wholesale, le film faillit être mis en scène par David Cronenberg avant de passer par le cinéaste batave. Le tournage s'effectua au Mexique. Pour les scènes se déroulant sur Terre, ce fut l'extérieur de Mexico qui fut choisit. Pour les scènes martiennes, ce sont les studios Churubusco qui furent choisi. Total Recall est un projet qui date également. Ronald Shusett rêvait déjà de mettre ce projet en boîte en 1975. Voici pour les quelques anecdotes qui entourent ce film. On peut donc passer à l'oeuvre en elle-même.
Voir Paul Verhoeven réaliser de la science-fiction, cela paraît quelque peu surprenant. L'homme nous ayant plutôt habitué à des oeuvres de guerre, d'histoire ou des thrillers. Mais toujours est-il que son passage aux USA est constitué en partie de films abordant le fantastique ou la science-fiction. On peut citer Robocop (pour l'anecdote un remake est prévu et il sera réalisé par Darren Aronofksy, tout juste lauréat du Lion d'or de la Mostra de Venise pour son dernier film The Wrestler), Starship Troopers ou encore L'homme sans ombre. L'avantage avec Verhoeven, c'est que ce n'est pas un cinéaste léger. Derrière le produit brut, se cache bien souvent une certaine forme d'intelligence ou des prises de position radicales. Connu pour son cinéma suflureux, il ne manqua pas de prendre en compte la condition de la femme dans la société par exemple.
Avec Total Recall, on aurait pu bêtement assister à un banal film. Loin de là. Verhoeven est assez intelligent que pour laisser le doute planer quant à ce qui fait partie du rêve ou de la réalité. D'ailleurs, la fin elle-même se clôture par cette phrase: "ne sommes-nous pas en train de rêver?" Cependant, quelques indices permettent de deviner de quel côté nous nous situons. On peut également retenir cette merveilleuse scène ou Schwarzenegger se parle à travers un écran de télévision. C'est un excellent moment. Un Doug Quaid qui va dès lors commencer à enquêter sur son passé. Les séquences martiennes sont à mille lieux de ce que l'on voit sur Terre. On entre pleinement dans un monde où une sorte de guérilla est menée, où des personnages assez étranges se côtoient (mythique femme aux trois seins), aux visages défigurés ou mutés suites à des radiations.
Côté casting, on mettra en avant deux acteurs: Arnold Schwarzenegger et Michael Ironside. Le premier assure comme toujours. Rien de tel qu'un Schwarzie au top de sa forme pour nous faire passer un agréable moment. Surtout quand l'oeuvre en générale est de très bonne facture. Ensuite, Ironside est vraiment parfait dans son rôle de méchant. On pointera toutefois la performance de Sharon Stone, qui n'était alors pas très connue puisque son rôle phare dans Basic Instinct ne se produira qu'après Total Recall. On notera qu'une fois encore la musique de Jerry Goldsmith est réussie.
Côté défauts, on n'en trouve finalement que très peu. Peut-être que le film vieillit un peu plus difficilement qu'un Starship Troopers, dont les effets spéciaux demeurent encore assez réussis. Il manque peut-être un petit quelque chose aussi pour faire de ce Total Recall un chef-d'oeuvre. Toutefois, Verhoeven a réussi à faire de ce film une oeuvre culte. Il n'est d'ailleurs pas rare de le voir rediffuser régulièrement à la télévision...