En mettant en scène deux personnages qui partent en vacances et se révèlent prêt à tout pour ne pas être emmerdés, Touristes s'apparente à une version à la fois amusante, décalée et cradingue de tous ces films de couple de tueurs en cavale (Gun crazy, Bonny&Clyde, Badlands, Tueurs nés,...).
Avec ce petit film, Ben Wheatley change de registre et convainc davantage que Kill List, ovni aussi creux qu'harassant, réalisé un an auparavant et plébiscité un peu partout. Pourtant, à y regarder de plus près, Touristes partage pas mal de points communs avec son prédécesseur: même volonté de dévoiler la face cachée des êtres humains (seulement ici, l'effet est bien moins opportuniste, relevant davantage d'un plaisir ludique et sans prétention que d'une fausse virtuosité étouffante de fatuité), même attirance pour le mélange des genres (le récit est un peu fourre-tout, mais l'humour omniprésent rend Touristes plutôt jouissif) et la violence graphique. Ici, le scénario est par contre classique et prévisible (l'on anticipe aisément d'entrée de jeu que si l'homme n'est pas très clair, c'est bien la femme qui, au final, se révélera la plus dangereuse), et qu'importe si Wheatley a parfois recours à des lieux communs (la figure maternelle étouffante), puisque ceux-ci sont finalement éclipsés par des thématiques plutôt intéressantes (le rapport complètement déréalisé d'une personne lambda envers la violence; les assassinats comme conséquence d'une volonté de se démarquer des autres). La structure dramaturgique de Touristes n'échappe pas à la suite de vignettes ressassant à l'infini les mêmes enjeux (une rencontre, un assassinat), mais le spectateur finit tout de même par se prendre au jeu. Au-delà des facilités et des effets de manche qui caractérisent le style Wheatley, il serait hypocrite de ne pas avouer que l'on tient là un divertissement, certes inoffensif, mais agréable.
Avec Touristes, Ben Wheatley s'est assagi et ne prend plus ses spectateurs pour des dégénérés en quête d'expériences épileptiques. Il ne lui reste plus maintenant qu'à dépasser le stade du simple exercice de style pour prétendre à sortir du lot...
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