Sur le papier, c'est l'archétype de la comédie romantique ménopausée : soit un couple, la soixantaine, mariés depuis 31 ans, fait chambres séparées depuis des lustres, ne se touche jamais, n'a pas fait l'amour depuis plus de 5 ans. Ils ne vivent pas ensemble, ils vivent à côté l'un de l'autre. Elle en est malheureuse, lui ne s'est jamais posé la question. Elle le force à prendre une semaine de vacances dans le Maine pour suivre le stage intensif d'un thérapeute de couples, censé redonner du piment dans la vie de gens qui ont oublié de s'aimer. Voilà.
Sauf que, on le sait bien, au cinéma, il n'y a pas de bons sujets ou de mauvais sujets, il y a des bons et des mauvais moyens de les traiter. Ce qui m'a donné envie d'aller voir ce film, c'est son metteur en scène, David Frankel, dont le récent The Big Year m'a enthousiasmé et prouvé qu'on pouvait faire un film passionnant sur 3 hurluberlus qui regardent et comptent des oiseaux.
Et là encore, c'est une réussite. Dans un premier temps, essentiellement grâce aux comédiens. Streep est excellente en gmilf qui découvre la fellation ou l'autotripotage de minou. Jones bougonne bien comme il faut (mais est toujours moins agaçant qu'Eastwood). Carrell a un jeu supra minimaliste et projette un miroir en face des deux autres.
Mais, il ne faut surtout pas oublier de s'étendre sur la mise en scène discrète de Frankel, prouvant une fois de plus quel cinéaste précieux il est (je suis peut-être le seul à penser cela, mais j'en ai rien à battre, au contraire). Ce type ne fait rien d'ostentatoire, est presque toujours en retrait mais impose un rythme, un respect face au sujet filmé qui impose le respect. Quel que soit le sujet qu'il filme (un couple et un chien, des observateurs d'oiseaux, un magazine de mode, la vie sexuelle d'un couple de vieux), il ne regarde jamais rien de haut, se place à la bonne distance, laisse respirer ses personnages comme son montage, et créée une véritable humanité de mise en scène.
Bizarrement ce n'est pas un film drôle. C'est un film minimaliste : une scène chez le thérapeute, une scène dans la chambre d’hôtel, etc., qui compte très peu de gags et au mieux arrache un tendre sourire. Il y a tout pour faire cucul dans ce film, qui n'évite malheureusement pas les passages obligés, qui ne remet malheureusement jamais en question la thérapie de couple présentée ici comme le remède miracle, ne creuse malheureusement jamais dans le passé des personnages et la cause des blocages, mais malgré tout ça le film vit, et fait exister des personnages avec, je me répète, un ton toujours juste, une distance toujours digne. Je ne demande rien d'autre à ce type de cinéma de consommation hollywoodienne. Je n'en demande même pas tant.
FrankyFockers
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le 17 oct. 2012

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FrankyFockers

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