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Effet boule de neige pour te faire hurler de rire

Mon dieu, ce que je viens de voir est un bordel sans noms. Un spectacle régressif totalement jouissif. Un film tout petit mais terriblement amusant. C’est un peu ce gosse qui gigote partout et crie, qui te casse les oreilles mais que tu aimes voir se mettre en scène. C’est donc pleinement conscient de sa propre connerie, de sa vulgarité gratuite et de son côté décérébré, teen et rebelle que le film fait son intéressant. Voulant à tous pris attirer l’attention, son côté faussement intellectuel, son humour noir qui se la raconte, profondément hautain peuvent fatalement devenir rapidement très indigeste. Cependant l’égo surdimensionné du film nous prend à contrepoint. Irrévérencieux, bête et méchant, le film, avec prétention, s’estime donc plus intelligent que ses paires, en se camouflant en teen movie con en générique, ceux qu’il dénonce tout autant qu’il est, jouant au final avec sa propre merde.

Passé sa profonde connerie, ne reste donc que le teen movie incroyablement con, dévoilant toute une panoplie de personnages clichés et se présentant comme un film reposant sur un immense flashback. L’œuvre, cochant une à une les choses à ne surtout pas faire, se débat incroyablement bien pour proposer finalement une fascinante boucherie. C’est donc en pleine conscience de la situation, que le spectateur découvre qu’une trentaine d’ados sont morts durant une soirée... qu’est ce qui a pu se passer pour qu’on en arrive là bordel ??? On passe au duo de flics creux avec le ptit nouveau et le vieux briscard qui a tout vu... encore une fois des clichés ambulants. Cependant c’est dingue tant tout ce qui est censé être mauvais dans les films brille d’une lumière éclatante dans ce long-métrage.

Et oui, je trouve que tout fonctionne... ce duo de flics, ce flashback qui annonçait simplement une paresse scénaristique impardonnable et ahurissante, cette flopée de personnages principaux tous plus fonctionnels : le rappeur, la milf, l’ex junkie, la folle d’astrologie, les lourdeaux losers qui veulent péchos, le couple coincé, le playboy, les meufs qui sont là que pour s’envoyer en l’air. Il y a absolument tous les profils, jamais subtil, frôlant toujours la limite de l’acceptable sans jamais la franchir, un jeu de funambulisme et d’équilibriste dangereux tant on pourrait s’indigner devant des réflexions sexistes. Finalement trop bête pour être méchants, le film est juste maladroit de ce point de vue là. Seulement voilà, toute sa merde, il la montre avec un panache grandiloquent et glorieux... Ainsi, découvrant chacun de ces ados destinés à une mort prochaine, on est livré à un jeu terriblement amusant et ludique. Quand un tel va mourir ? Et fort de déblatérer, proposant de multiples interactions un peu grasses et juvéniles, le film se donne des airs tarantinesques pré pubères renforcé par une soundtrack absolument magistrale qui s’inscrirait étonnement bien dans la discographie de QT. Oui, c’est vrai que ça parle beaucoup de se taper un tel ou un tel, mais que voulez-vous, c’est un teen movie débile et assumé.

Au final en demeure un divertissement puissamment gourmand et généreux, qui enchaîne les hasards de circonstances, les coïncidences, les excès, l’effet papillon et évènements en cascades pour générer un comique de situation sensationnel qui ne s’arrête qu’au générique de fin. Les personnages sont tous plus drôles les uns que les autres, les références fourmillent de partout et on s’amuse avec sadisme devant tout ce que l’œuvre nous montre, nous parfaitement confortable derrière notre écran voyant cette soirée virée en un cauchemar aux conséquences démesurées. Particulièrement misanthrope, le film punit ses personnages aussi touchants qu’antipathiques tant leur opportunisme choque. Le juste retour de chose est bien énervé. Une claque allé retour particulièrement violente tant elle les condamne sans dernier recours ni occasion de se faire pardonner. De ça découle cet humour noir plus si con qu’il ne paraissait être de prime abord. Le tout avec une bonne humeur communicative.

Le film ne brillera jamais par contre par la mise en scène, en dépit de quelques idées visuelles sympathiques et notables, ça reste très convenu et fonctionnel. Pour autant c’est toujours bien filmé et éclairé. Ça manque peut-être d’un peu de dynamisme dans le montage parfois un peu mollasson mais ça reste en globalité efficace. Moi qui suit pourtant un grand amoureux de machinerie et de plans de haute volée, cette simplicité ne m’a pas dérangée tant elle était au service d’un scénario très gourmand, délivrant toujours à l’image quelque chose de loufoque et barré. Chaque instants, chaque situation est savoureuse, le casting se donne à fond, incarnant parfaitement ses clichés.

Le revisionnage est salutaire tant le film fourmille de petits détails amusants. Chaque conséquences, rebondissements et morts sont préméditées car annoncées en début de film. On note par exemple le personnage de Rafal qui semblait juste être un mec qui a du mal avec les filles, un loser un peu timide et gêné mais le malaise qui planait et qui se faisait ressentir autour du personnage était tout autre, étant gay, son acting qui traduisait en réalité un personnage homosexuel jouant maladroitement la carte de l’hétéro s’était camouflé et paré en parfait loser lourdingue cherchant à pécho et à se taper de la nenette en soirée. Également ce cynisme et ce pessimisme permanent émane de partout, du mec mort étouffé jusqu’à la destruction du remède contre alzheimer, autant de choses qu’on peut illustrer par un bête « c’est ballot » mais qui prend une somptueuse saveur.

C’est donc toujours à la limite d’être lourd, gênant et vulgaire que le film va déplaire ou non. Plonger tête baissée dans ce théâtre de la régression ou rester totalement en dehors. De mon côté j’ai plongé... et j’ai été fasciné. Et... pardon d’avoir autant aimé... je sais c’est mal mais je n’ai envie que d’une chose... c’est que ça recommence et qu’on m’en donne toujours plus ! J’en redemande, extasié. Non plus ni moins qu’un bon film au charme dévastateur. Saisissant de malice, le film gagne à être vu entre potes au rire facile.

Film : 7
Feeling : ❤️❤️❤️❤️❤️

Smathy
7
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Créée

le 24 févr. 2021

Critique lue 71 fois

Smathy

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