Il faut rarement prendre une critique pour argent comptant, puisque c'est toujours très subjectif. Néanmoins sur ce type de film, j'ai l'impression que c'est encore plus subjectif.


On va dire que cette comédie parisiano-romantique-tacotaquesque (mais si ça existe comme mot, dans au moins un dictionnaire quelque part dans la galaxie...) est arrivée pile au bon moment pour moi, et m'a apporté un truc chouette, malgré ses défauts, que j'ai vus, soupesés quelque peu, puis je suis passée par dessus parce que le reste faisait le poids.


Les trois nanas sur la jaquette du film, jouées par trois actrices plutôt pas mal chacune dans son genre, sont un peu la caricature de LA parisienne sous ses multiples aspects, ça clairement pour moi c'était pas gagné, et au démarrage du film avec la scène du futale à 360 balles dans une boutique de je-sais-pas-quel-boulevard-parisien-prout-prout, je me suis dit "bon si ça se trouve on tiendra pas un quart d'heure".
La parisienne qui vit en banlieue et qui "adore" sa verdure (relative). Ca c'est Marie, jouée par Judith Godrèche.
La parisienne qui vit dans son grand appart meublé Ikea ..... ah non c'est vrai Ikea c'est encore trop prolo, c'est plutôt un de ces magasins de riche où les canapés sont plus confortables juste parce qu'on les paye 3000 balles ; avec un mari froid, pas sympa, dévalorisant, et pour qui l'argent semble vraiment une immense source d'épanouissement personnel (mais bien caché l'épanouissement, vu la tronche qu'il tire à chaque mot qu'il prononce).
Et la parisienne qui tape les boutiques à chaque déception et qui kiffe les appartements haussmaniens, sur un ton un peu bourge. (Juliette, Mathilde Seigner).


Tout ça est un peu pénible, et il m'a fallu un certain effort pour passer au-dessus, tellement c'est gonflant tous ces films parigo-parisiens dont on se demande si juste une seule fois le réalisateur ou les acteurs ont vu au-delà de la frontière de l'IDF, à part pour aller de temps en temps honorer les ploucs de leur présence (et profiter de la plage ou de la forêt, accessoirement, parce que bizarrement, ça à Paris, ça manque un peu).


Tout ça est un peu pénible aussi parce que c'est franchement plus qu'irréaliste, jusqu'à cette scène où malgré ma grande indulgence hier soir pour cause de "besoin d'un film marrant et marge de tolérance accrue du fait de circonstances exceptionnelles", ma copine la suspension d'incrédulité a quand même grave tiqué. Ca a donné un peu ça :


Susp-inc-un-peu-carrément-bloquée : euh..... je rêve où là, la meuf qui a 1500 balles de découvert, qui est une jeune avocate en libéral qui fait ses preuves et qui a aucune rentrée depuis un moment, vient de louer à elle toute seule un appart à 2600 balles par mois dans Paris, alors que dixit elle-même, elle peut pas le payer ?
Moi : ben... euh... ouais. On dirait.
Susp-inc-un-peu-plus-bloquée : à Paris ? c'est ça ? dans la ville où même quand tu gagnes 4 fois le montant du loyer en CDI, il te faut deux garants au moins, parce que quand même c'est pas très stable comme situation, voire un peu prolo sur les bords ?
Moi : euh.... ben.... ouais. On dirait. Hum.
Susp-inc : tu sais que tu m'en demandes beaucoup là quand même ?
Moi : Ouais.....
Après..... elle a peut-être douze garants super friqués, et l'histoire ne le dit pas parce que ça parle que de ses histoires d'amour au final....? hein ? et que toutes ces histoires de réalisme matériel c'est un peu vulgaire finalement quand on habite la si belle ville de Pâris ?
Susp-inc : ......
Moi : Ouais je sais. Y'a pas moyen. Bon. On fait quoi ?
.......... (mouche qui vole)
Susp-inc-ok-ok-après-tout-c'est-presque-pas-pire-que-Bruce-Willis-qui-sauve-la-terre-à-chaque-fois-qu'il-croise-une-caméra : Ouais. Bon. De toute façon c'était clairement pas du cinéma social qu'on regardait ce soir. Et le reste est marrant. Ca passe pour cette fois.
.......
Moi-qui-me-ré-enfonce-dans-le-canapé : ouais..... t'es la meilleure. Urpfmiamgloups, je vais kiffer ma comédie romantique et oublier toute la terre pendant encore une heure.


Alors bon, une fois ce petit dilemme intérieur réglé paisiblement, il est resté ce qui a fait que j'ai mis 7 à ce film, malgré ce gros défaut de parisiano-centrisme .
Les personnages que j'ai vraiment aimés, chacune dans ses singularités, et chacune plutôt battante, avec, si ce n'est un réalisme matériel, du moins un certain réalisme affectif j'ai trouvé.
Les trois situations vécues par les trois nanas sont très différentes, et chacune se résoud, évolue, de manières que j'ai trouvées, dans deux cas plutôt réalistes, et dans le troisième (Mathilde Seigner), plutôt qui fait un peu rêver et c'est bien aussi le but d'une comédie romantique.


Pour finir, ce que j'ai apprécié surtout c'est la bienveillance entre les personnages principaux, et la douceur sur la fin du film. Et ça j'ai trouvé ça réaliste dans un dénouement qui va dans le sens de personnages qui ne cherchent ni le mélodrame à tout prix, ni les grands éclats ostentatoires, mais simplement la paix dans leur vie, une certaine douceur de vivre, partagée avec leurs plus proches.
En ce sens, clairement ce film m'a fait du bien, et j'ai trouvé qu'il véhiculait quelque chose de positif, dans la manière de dénouer les situations en restant fidèle à soi et sans leçon de vie ni généralisme déplacé.


Pour finir, il faut souligner évidemment, une chose qui porte le film de bout en bout, c'est le fameux "tacotaquesque", avec des répliques tac-au-tac qui s'enchaînent, parfois vraiment drôles, toujours au moins dynamiques, en grande partie portées par le personnage de M. Seigner mais pas uniquement, et qui tombent justes et font leur petit effet catharsis à chaque fois, pour toutes les fois où on s'identifie au personnage ou bien où on reconnaît une scéne déjà vécue...


Mention spéciale à celle-ci :
".... ah ben oui c'est quoi l'amour ? le voilà ton sujet de thèse ! un truc bien creux, qui va t'occuper 15 ans et que personne lira ! (........)
T'es du vent Guillaume !!...... t'es l'armée de l'air à toi tout seul.....et t'avais raison, chuis vraiment trop bien pour toi !"


Alors bon, on aimera ou on aimera pas, je pense que ce film peut sembler totalement détestable, ou rafraîchissant, selon ce qu'on y cherche. C'est un peu toujours le cas selon moi des comédies de ce type. Ca matchera ou ça matchera pas sur les personnages et les situations, ça tombera au bon moment ou pas, bref, voilà pourquoi je disais en introduction que plus que jamais cette critique ne peut être prise au pied de la lettre.

_LaGazelle
7
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le 29 avr. 2020

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_LaGazelle

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