Toy Story 3
7.5
Toy Story 3

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich (2010)

Ainsi, mon cher ami, vous allez donc partir !

Cela va être bref et concis.
Toy Story 3 est ce genre de film que l’on ne veut pas analyser, que l’on veut partager avec ses amis uniquement parce que “c’était trop cool !” ou qu’ “à la fin j’ai pleuré tellement c’était triste”, le tout dans une cour de récréation entre deux matchs de foot ou après l’école. Pour mes 10 ans, ma grand-mère m’avait emmené au cinéma voir Toy Story 3. Déjà, j’avais grandi avec Woody, dormi dans un pyjama Buzz l’éclair, pris comme phrase fétiche celle des petits bonshommes verts “nous vous devons une reconnaissance éternelle”. Alors aller dans cette salle obscure, c’était retrouver des amis que je connaissais déjà par coeur. Et en sortant, j’ai compris que j’avais vu des amis partir. Alors je l’ai revu, encore et encore, pour les retrouver. Mais à chaque fois, c’était la même chose. Les mêmes rires, les mêmes larmes, les mêmes sanglots, tout ça parce que des amis partaient.


Toy Story 3 parle de la maturité, de l’enfant qui grandit, et de tout ce que cela engendre, en bien ou en mal. Petit, on se fait des amis, on les garde quelque temps, puis on les remplace. Ils viennent, ils partent, on ne les garde pas. Puis en grandissant, un ami qui part est une blessure. Une blessure qui reste ouverte en pensant que l’on va le revoir un jour. Oui la maturité c’est l’attachement. L’attachement à ce, à ceux, à celles, qui nous importent vraiment. Et leur départ nous fait souffrir. Et bien c’est toute l’histoire de Toy Story. On a vu des jouets grandir avec nous pendant trois épisodes mais au fond, on ne savait pas à quel point l’on s’était attaché à eux. Et il a fallu qu’ils partent pour ne nous laisser que nos larmes, et nos yeux pour pleurer. Toy Story 3 ne nous rend pas notre âme d’enfant, il nous montre l’âme qui grandit, et l’âme des enfants que nous étions sans nous la rendre. C’est la maturité dans ce qu’elle a de triste et nécessaire. Perdre son âme d’enfant pour affronter la vie d’adulte. Enfin perdre… Plutôt la mettre de côté. Andy oublie ses jouets mais en fait, il ne les a jamais vraiment oubliés. Il les a mis de côté, au cas où. Sans nous demander notre avis d’ailleurs, mais il l’a fait, comme nous tous. L’entrée dans la vie adulte, c’est d’une certaine manière renier ce qui faisait notre identité, ce qui nous faisait. Il est clair que Pixar ne nous fait pas de reproche “Oh ! Regardez comme vous avez perdu votre âme d’enfant ! Vous êtes si nuls et tristes !”. On en est loin. Ils nous font juste voir ce qu’on ne voyait pas.


Et puis Toy Story 3 nous montre aussi quelque chose qu’on oublie trop souvent. Nous n’avons jamais perdu notre âme d’enfant. Comme Andy, on l’a mise de côté. Et de temps à autres, on la ressort de notre grosse malle histoire de la dépoussiérer un peu. Alors on a parfois besoin d’un coup de pouce pour faire cette démarche. Bah Toy Story 3. Oui c’est aussi un film qui parle de sujets graves aux enfants (la dictature, la Shoah, la discrimination raciale,...), mais ça, Pixar nous y a déjà habitué. Toy Story 3 va plus loin. Il conclut une formidable amitié qui s’est construite aux fils du temps, aux fils des films. Et une amitié que l’on a vécue. Donc ce n’est pas un film aux 2, 3, 4 lectures, mais aux 7 614 635 150 lectures selon les chiffres actuels du http://www.worldometers.info/fr/population-mondiale/ . Alors, au plaisir de vous revoir un jour les amis. On en aura des choses à se dire.


Ainsi, mon cher ami, vous allez donc partir !
Adieu ; laissez les sots blâmer votre folie.
Quel que soit le chemin, quel que soit l’avenir,
Le seul guide en ce monde est la main d’une amie.


Vous me laissez pourtant bien seul, moi qui m’ennuie.
Mais qu’importe ? L’espoir de vous voir revenir
Me donnera, malgré les dégoûts de la vie,
Ce courage d’enfant qui consiste à vieillir.


C’est pas moi c’est Musset qui le dit.
Est-ce que cette critique est subjective ? Presque pas.

FlavienDelvolvé
10

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Créée

le 11 avr. 2018

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