C'est "Martin" de George A. Romero dans une version actualisée 2.0 qui ne s'en cache pas trop au regard des cinéphiles. On a à nouveau un jeune garçon qui se prend pour un vampire, quitte à agresser des gens pour les saigner et boire leur sang, mais dans le ghetto avec un jeune noir passionné de vampire.


Mais là où le film du regretté Romero maintenait tout le long la géniale ambiguïté qui faisait tout le sel (Martin était-il vraiment un vampire ? Ou un jeune homme fou et en manque de repère face à un père un peu dégénéré ?), Transfiguration se veut plus terre à terre avec son approche réaliste qui veut sensiblement rester au sol, sans jamais tenter de s'élever ou brouiller des pistes (le final en devient même franchement déceptif malgré la voix-off énonçant un fait psychologique et le vrai sens moral qui est à donner à l'histoire).


On finit par frôler le fait divers basique là où le film affiche d'un autre côté clairement des références (citées par le héros et donc le réalisateur qui connait parfaitement ses classiques vampiriques. Et il a bon goût d'ailleurs) mais jamais oser ni vouloir les reprendre pour les détourner, les transformer, en rire... Du coup l'adhésion du début peut se muer lentement en frustration tout le long de ce film qui se veut "naturaliste" (et non, désolé, un petit budget n'explique pas tout, certains font de petites merveilles avec trois fois rien).


Par naturaliste, j'entends cette caméra qui bouge un peu, jamais bien fixe, jamais en train de cadrer vraiment un plan et où au final la forme du film est d'une banalité exaspérante, ça pourrait donc ressembler à n'importe quel documentaire basique (un trépied pour info c'est pas la mer à boire, on en trouve de très bien à la fnac hein), à n'importe quel court métrage basique (attention il y a d'excellents courts hein. Et il y en a aussi plein qui sont banals oui), image basique, quasiment pas de musique sauf un peu d'ambiant. Cela doit vous rappeler des films, c'est la grande tendance depuis le début des années 2000, surtout dans le cinéma indépendant.


Reste de bons interprètes (Chloé Levine est LA révélation du film. Un rayon de soleil qui vient réchauffer ce garçon mutique), des moments qui font échos à beaucoup de nos vécus (la solitude ou montrer Nosferatu à la fille que l'on aime, ça aussi je l'ai fait, oui) et une jolie histoire d'amour tragique dont malheureusement je voyais la fin arriver à 3 kilomètres et ça n'a pas loupé même si on comprend aussi le geste désespéré du jeune garçon. Mais bon, cela ne fait pas tout.


Cela aurait pu aller bien plus loin. C'est juste bien. Et donc terriblement frustrant au regard de toutes les promesses informulées.

Nio_Lynes
5
Écrit par

Créée

le 31 juil. 2017

Critique lue 230 fois

Nio_Lynes

Écrit par

Critique lue 230 fois

D'autres avis sur Transfiguration

Transfiguration
GigaHeartz
4

Coquille vide

J'ai beau tourner ça dans tous les sens, tentant vainement de m'accrocher au minimum d'affection que je lui porte, je ne parviens pas à définir Transfiguration autrement que comme une coquille vide...

le 31 oct. 2016

8 j'aime

Transfiguration
easy2fly
8

Une histoire de vampire transgressive

En me rendant à la séance de Transfiguration, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. J'avais juste lu sur l'affiche se trouvant au-dessus de la porte menant à la salle : Une histoire de vampire...

le 27 juil. 2017

5 j'aime

1

Transfiguration
RedArrow
7

Je suis un vampire...

À un moment-clé de sa jeune existence, Milo a mis le pas dans des ténèbres insoupçonnés qui l'ont presque entièrement consumé. Aujourd'hui, orphelin et vivant avec son grand frère désoeuvré dans un...

le 15 sept. 2018

2 j'aime

Du même critique

Un grand voyage vers la nuit
Nio_Lynes
5

Demi voyage nocturne

C'est toujours frustrant de voir un film avec de grandes possibilités gâchées par plein de petites choses. Et en l'état, même s'il est rare que je me livre à l'exercice de la chronique négative, je...

le 20 févr. 2019

23 j'aime

6

Üdü Wüdü
Nio_Lynes
9

Cri barbare

Üdü Wüdü comme les deux albums qui suivent sont de nouvelles directions pour Magma qui cesse momentanément ses trilogies en cours. Le premier volet de Theusz Hamtaahk est par exemple fini dans son...

le 25 avr. 2017

21 j'aime

2

If I Could Only Remember My Name
Nio_Lynes
10

Musique au crépuscule

« Quelques jours après le début des répétitions, je passai par Novato pour rendre visite à David et Christine. Ils habitaient une grande maison de campagne avec Debbie Donovan et un certain...

le 28 août 2018

16 j'aime

24