Pourquoi va t-on voir "Transformers", alors que l'on sait que ça va être mauvais ?
Je suis sortie de "Transformers 3" dépitée et abattue, mais pas forcément surprise, car la bande annonce m'avait préparée à cette déception annoncée.
Cependant, à ce moment là, on se pose quand même la question : "Pourquoi y est-on allée ?"
De fait, j'avais été déjà attristée par l'indigence de l'opus 1. Comment croire plus de quelques minutes à ces camions ou voitures sur pattes, censés être des quasi-dieux (dixit le script), et qui se comportent comme de sales gamins pleurnichards avec des répliques que seuls les mauvais polars ou films d'espionnage de séries Z osent encore utiliser...? Je ne parle pas même des incohérences basiques de l'histoire... Mais le "1" avait l'avantage de la nouveauté.
Pour le "2", je ne m'attendais guère à mieux, mais ça a été pire. Reste qu'on pouvait se laisser aller et se dire que c'était un film pour gamins, avec plein d'effets spéciaux impressionnants. Le rythme du film permettait d'oublier un peu l'indigence du scénario (y en avait un au fait?). Je m'étais néanmoins dit que je n'irais pas voir d'éventuel n°3, ou alors seulement en DVD lors d'une soirée de désoeuvrement complet. Et pourtant... j'étais là le premier jour...
Le "3", n'offre plus les arguments précédents. L'histoire devient franchement lassante, les effets spéciaux sont certes bien faits (et en 3D), mais l'ère du numérique nous y a habitué, que ce soit avec des mauvais longs métrages équivalents ("2012") ou des grands films ("Avatar"). Les personnages sont tellement stéréotypés et creux que c'en est à pleurer. Et surtout la construction de l'intrigue et le montage du "3" sont si brouillons et confus qu'on a envie de demander : "quand est-ce que ça se termine ?". A deux ou trois rares instants, on se laisserait presque prendre au jeu (Chicago en ruine), mais c'est tellement fugitif que ça disparaît presque aussitôt, même avec la meilleure volonté du monde...
Alors pourquoi va t-on voir "Transformers" quand on sait qu'on va être déçue?
Une des réponses réside certainement dans la rareté des films de SF en général et des bons en particulier. "Faute de grives et de merles, on mange des cancrelats, juste histoire d'avoir sa ration de protéines animales", pour paraphraser un proverbe de ma grand-mère... et une réplique de "L'empire du Soleil" de Spielberg...
Après ce sentiment de fatalisme, on ne peut pas s'empêcher de songer à quel point c'est affligeant qu'Hollywood ne puisse pas trouver des scénarios qui tiendraient un peu la route. Trois réflexions complémentaires et un peu contradictoires ou torturantes s'immiscent alors dans notre cerveau.
1) Les producteurs sont sûrs de faire beaucoup d'argent avec des mauvais "Transformers" (public captif), alors pourquoi prendre des risques avec des films intelligents et bien construits qui pourraient ne pas marcher?
2) Que des producteurs moyens soient ainsi obsédés par le fric, OK, mais Spielberg... quand même... d'où la réflexion n°3 :
3) Les rumeurs sur la dérive anti-aliens de Spielberg seraient-elles donc fondées, son glissement inexorable de "Rencontre du 3ème type" et "E.T." vers "Men in Blacks" et "La Guerre des mondes" en passant par , son souci de noircir de plus en plus les extraterrestres, de prévenir l'humanité d'une menace?
Mais non, là aussi c'est du cinéma... On a plus probablement juste affaire à de mauvais films dans lesquels il n'y a rien à décrypter... Sauf s'il réserve la solution de l'énigme pour "Transformers 4" ou "Transformers 18"?