Il est temps d'aborder un film, ou tout du moins une série de films, qui n'aura de cesse de générer le débat parmi la communauté cinéphile autour de cette question : le succès populaire reflète-t-il vraiment la valeur d'un film ? Étant d'un rare snobisme quand on en vient à parler ciné, je préfère répondre par la négative. Je pense sincèrement que la saga Transformers est ce qui c'est fait de pire dans toute l'industrie du divertissement, et je ne penserais pas cela si elle n'avait pas autant de succès. Mais pour cela, revenons sur "l'auteur" derrière cette supercherie..


Michael Bay a commencé sa petite carrière de réalisateur par l'intermédiaire de l'industrie musicale et par le tournage de clips. Assez vite, il se retrouve à filmer des pubs pour de grandes marques avec lesquelles il ne coupera jamais vraiment les ponts, on y reviendra, telle que Nike, Budweiser, etc... Puis vint 1995 et son premier film, un film qui fera date tout en imposant le style de son créateur : Bad Boys. Pêle-mêle, on y retrouve des blagues vulgaires, du racisme, de l'homophobie, de la xénophobie, etc... Bref, vous aurez compris que Michael Bay est le genre de gars irrévérencieux qui se moquent un peu de tout le monde, à se demander qui il vise vraiment avec ses films. Néanmoins, on ne peut que constater une maitrise dans la mise en scène et dans le montage des scènes d'action, où les effets pyrotechniques sont pléthores. Après je fais parti de ceux répugnant l'usage des ralentis, qui sous le couvert d'une volonté de créer un effet de style, ralentissent le rythme de l'action. Enfin je dis trop rien, je comprends les personnes amateurs de ce genre d'artifice. Bref pour aller vite, par la suite il enchaine avec The Rock (qui est vraiment super bon, je vous le recommande), Armageddon, le faussement cool Pearl Harbor, Bad Boys II et The Island. Puis vint le premier Transformers.


Les trois premiers films sont à peu près les mêmes (d'autant plus que certains plans sont réutilisés d'un film à l'autre, voire deux fois dans le même film...) donc en gros ça donne 2h30 divisées en 1h30 de comédie pas drôle et vulgaire avec un Shia Labeouf qui fait n'importe quoi et en 1h d'explosions et de ralentis pendant lesquelles on se demande qui se bat contre qui et ce qui se passe à l'écran. On remarquera qu'ici, Michael Bay fait tout ce qu'il peut pour faire le plus de placements de produit possible (le distributeur Mountain Dew qui se transforme en robot, la Chevrolet de Bumble Bee...) et qu'il s'agit peut être de la plus grosse campagne de pub pour vendre des jouets jamais faite, parce que oui, quand je regarde un film Transformers, j'ai juste l'impression de voir une pub. N'oublions pas qu'à la base, les Transformers sont une marque de jouets ayant donné une série animée aussi nulle que les films et partageant la même ambition : VENDRE. Le pire dans tout ça, c'est que c'est à peine déguisé, n'importe quel adulte est capable de le voir, il n'y a que les gosses qui peuvent passer à côté et donc se faire avoir. Et je suis d'autant plus dégouté que ces trois films font parti des plus gros succès de l'histoire du Septième Art. Pourquoi ? me direz vous. Sans doute en raison des effets spéciaux, qui il faut bien le dire sont ce qui se fait de mieux dans le genre. Mais les effets spéciaux ne font pas un film et je sature à force d'en voir pendant 2h30. Enfin passons, penchons-nous sur le quatrième opus.


Nous voila 3 ans après la sortie de Transformers 3 et entre temps Michael a réalisé un film plus modeste et pourtant vraiment pas mal, Pain and Gain. Avec le quatrième opus de sa série à succès, Bay a voulu signaler que les règles ont changé : exit Shia Labeouf, exit la comédie, maintenant on fait du drame... Pour commencer par établir un jugement de valeur, je trouve que Transformers 4 est meilleur que les trois autres déjà parce qu'il abandonne cette première partie absolument indigente. Ouais, bon en fait, je pense que c'est la seule raison pour laquelle il est meilleur, autrement c'est toujours la même chose. Déjà la partie drame est foireuse, on nous présente un père de famille dans une situation financièrement parlant un peu délicate joué par Mark Walhberg, il est accompagné par sa fille qui va jouer ici le rôle de l’appât à spectateurs en chaleur autrefois tenu par Megan Fox, puis les robots arrivent, des mercenaires viennent les chercher, leur maison explose, PIF, PAF, BOUM, on comprend pas ce qui passe, la fille a en réalité un copain sans personnalité, ils font des blagues pas drôle malgré la situation un brin dramatique (le copain surnommé "lutin de Dublin"...) et leur vie s'écroule sans que ça ne semble vraiment les attrister... Et on voit ici que Mark Walhberg, en dépit d'être à la base un père de famille absolument normal, devient Superman et n'hésite plus à faire les trucs les plus dingues au monde alors qu'il n'a rien à voir avec toute cette histoire à la base. Par ailleurs, que dire de l'histoire... Pour faire simple, il y a des types de la CIA qui veulent se débarrasser de tous les Transformers, Decepticons (les méchants) comme Autobots (les gentils), pour des raisons que je n'ai toujours pas capté, et en plus il y a des mercenaires de l'espace qui s'allient avec cette même CIA parce qu'il y a un contrat sur la tête d'Optimus Prime (le chef des Autobots). Et puis c'est tout, jusqu'à la moitié du film où on fait revenir un méchant des films précédents grâce à une science qui s'appelle la magie (enfin on nous fait croire qu'il y a une explication scientifique, ça n'en est pas moins une tentative de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, en gros ils ont voulu dire "c'est comme ça et pose pas de questions"). Bref je vais résumer toutes ces lignes en affirmant que les scénaristes du film en avaient strictement rien à faire de leur boulot puisqu'ils partent du principe que les spectateurs veulent juste voir des robots se taper dessus. Et le pire c'est qu'ils ont raison. Malgré cela, le film dure quand même 3h (!!!!!!), on ne cesse de regarder sa montre, c'est long, beaucoup trop long pour un film qui ne raconte rien. Il aurait aussi fallu qu'on se sente proche des personnages principaux mais c'est impossible quand ils sont insensibles aux dangers des situations qu'ils traversent et qu'ils ressemblent plus à des stéréotypes qu'à de vrais personnes. Et mince, faut arrêter de faire des blagues quand on est sur le point de mourir !!! Niveau mise en scène, aucune surprise quand on connait Michael Bay, il y a des explosions de partout, des ralentis en veux-tu en voila, des plans iconiques en contre-plongé, des hélicoptères filmés de dessus et de dessous au ralenti, etc... On en ressort avec un sentiment de déjà-vu pas très agréable. Le combat final n'a aucun sens dans la mesure où, attention SPOILER, le méchant mercenaire de l'espace se fait défoncer de manière absolument incompréhensible alors qu'il a passé tout le reste du film à être quasi invulnérable. Un peu comme Megatron à la fin du 3 en fait...Il y a enfin une pauvre tentative de dire aux gens que la technologie, c'est dangereux quand c'est entre les mains des mauvaises personnes, et qu'être trop patriotique, c'est mal. Sauf qu'évidemment c'est très mal exprimé et noyé au milieu de tous les effets numériques. Je terminerai par préciser qu'un personnage meurt dans le film, mais que tout le monde s'en fout parce qu'il était de loin le plus insupportable de tous. Transformers : le changement, c'est encore pour plus tard.


Transformers 4 est ainsi un film pas loin d'être désastreux, ça n'en est pas moins le meilleur film de la saga mais son absence de véritable scénario, ses personnages écrits avec les pieds, les scènes d'action où on comprend rien et les gimmiks de Michael Bay qu'on commence à connaitre par cœur finissent par en faire un mauvais film d'action.


On pourrait me faire le procès de ne mettre en valeur que les films que je juge "intelligents" au détriment des films à simple visée divertissante, or c'est complétement faux. Comprenez qu'il y a une forme d'élaboration dans un film de divertissement, on ne fait pas ça n'importe comment, d'ailleurs je ne crois pas que ce soit la portée philosophique de Matrix qui en ait fait un film culte, les spectateurs se souviennent bien plus des scènes d'action et pour cause, elles se mariaient très bien à l'intrigue qui gravite autour en plus d'être extrêmement bien chorégraphiées et filmées. Il est aussi possible de faire un film complètement con mais ça n'est pas cela qui établira sa valeur, je ne peux m'empêcher de penser à Pacific Rim qui était d'une rare bêtise mais qui procurait du fun par paquet de douze et qui ne semblait ne jamais se foutre de son public, contrairement à Transformers. Expendables est dans le même cas de figure, Stalone ne se sert pas des gros noms au casting pour faire des entrées, il y a tout un savoir faire en terme de films d'action qui se cache derrière. Transformers n'a même pas réussi à me divertir et je n'avais de cesse de me demander quand ce truc allait se finir et jusqu'où le ridicule pouvait encore aller. Ainsi je ne saurai que vous conseiller, lorsque vous allez voir un film pour vous divertir, de vous interroger sur ce que vous êtes en train de voir.

remimazenod
3
Écrit par

Créée

le 16 janv. 2017

Critique lue 296 fois

Rémi Mazenod

Écrit par

Critique lue 296 fois

D'autres avis sur Transformers - L'Âge de l'extinction

Transformers - L'Âge de l'extinction
Sergent_Pepper
2

Les ARCANES du BLOCKBUSTER, chapitre 10

La corbeille de fruits, en métal chromé rutilant, contient aujourd’hui 25 pommes, 25 poires, 18 bananes, 9 melons, 5 pastèques, le tout en pyramide. Au sommet, de la chantilly. - Beats, Bud Light,...

le 27 sept. 2014

86 j'aime

9

Transformers - L'Âge de l'extinction
SanFelice
6

Con, pas raison

Nous allons donc faire aujourd'hui un cours (une révision pour certains) concernant les figures de style. Je ne dirai rien des comparaisons, trop connues déjà, mais jetons un rapide coup d'oeil sur...

le 24 sept. 2014

70 j'aime

13

Du même critique

Mamma Mia! Here We Go Again
remimazenod
7

Le Parrain 2 de Mamma Mia... sur le papier

Qu'on se le dise bien, un visionnage de Mamma Mia, 1 ou 2, peut s'apparenter autant à un rêve éveillé pour les fans de Abba qu'à un cauchemar rose bonbon pour les réfractaires. Le juste milieu...

le 25 juil. 2018

15 j'aime

1

Le Manoir
remimazenod
2

Où est l'histoire ?

La bande annonce laissait présager le pire, le résultat final ne surprend finalement guère. Peu de choses à dire sur ce film si ce n'est qu'il ne lui manque vraiment que l'essentiel : une histoire...

le 22 juin 2017

14 j'aime

3

Le Caire confidentiel
remimazenod
7

L'arrière-plan d'abord

Auréolé de son grand prix attribué au Festival du film indépendant de Sundance, Le Caire Confidentiel arrive donc dans les salles françaises avec de solides promesses. D'une part grâce à ce prix,...

le 5 juil. 2017

13 j'aime