Peter Berg (Le Royaume, Hancock) retrouve Mark Wahlberg pour la troisième fois après le douteux Du Sang et des larmes et le très bon Deepwater Horizons pour un film qui retrace l’attentat et la traque des coupables du double attentat du marathon de Boston à travers les parcours de l’agent spécial Richard Deslauriers, du commissaire Ed Davis, du sergent Jeffrey Pugliese


Malgré la présence de sa « muse » depuis 3 films Mark Wahlberg en tete d’affiche Traque à Boston qui décrit la journée des attentats qui frappa le marathon de Boston en avril 2013 et la chasse à l’homme qui s’en suivi n’est pas un one-man show de Marky Mark mais bien un film qui alterne les points de vue entre les premiers intervenants, les survivants et les enquêteurs. Wahlberg incarne Tommy Saunders irritable sergent de police de Boston suspendu pour un acte de rébellion qui restera inexpliqué et qui purge le dernier jour de sa punition comme simple agent en uniforme le jour du marathon. Il se retrouve plongé au cœur de l’action, aidant les blessés, identifiant les corps, chassant les terroristes et constitue notre point d’entrée dans le déroulement des événements. Tommy est un personnage fictif mais ceux qui l’entourent sont eux ancrés dans la réalité comme la mise en scène de Peter Berg, qui s’appuie pour recréer la déflagration sur des images prises par les témoins que son directeur de la photo Tobias Schliessler intègre aux scènes de foule, tournées dans un style brut proche du documentaire.


Peter Berg se montre le réalisateur idéal pour ce projet tant il combine ce qui fait la force de son cinéma son œil et son affection « populiste » au bon sens du terme pour la description des communautés US comme dans Friday Night Lights et son sens de la tension et de l’action (le Royaume). Comme il l’a montré avec son dernier film Deepwater Horizon, il sait parfaitement naviguer dans une vaste trame narrative et si le scénario est signé de cinq noms (dont Berg lui-même) – rarement un bon signe – son récit est un modèle de clarté et de fluidité malgré les multiples points de vue et sous-intrigues.


Les scènes d’ouverture familières du genre, elles introduisent tour à tour les différents protagonistes dont nous allons suivre le destin parmi les enquêteurs et les futures victimes. J.K. Simmons ( futur commissaire Gordon du film Justice League) incarne Jeffrey Pugliese, le sergent de police de banlieue qui fera preuve d’un courage spectaculaire lors de l’appréhension des terroristes, John Goodman le patron de Tommy, le préfet de police de Boston Ed Davis et Kevin Bacon, le responsable local du FBI Richard DesLauriers qui se retrouve à la tête de l’enquête quand le motif terroriste s’impose.


Certes le film dépeint les querelles entre la police locale, le FBI et les spécialistes du terrorisme pour délimiter leurs domaines de responsabilité mais contrairement à Deepwater , Berg ne fait pas ici le procès de l’ineptie bureaucratique, il colle au plus près des événements (le film basé sur des reportages du magazine 60 minutes et des témoignages a d’ailleurs passé avec succès un fact-checking du Boston Globe ). Le film reste tout aussi factuel dans sa description des deux terroristes Dzhokhar Tsarnaev (Alex Wolff) et de son frère aîné Tamerlan (Themo Melikidze) ne cherchant pas à expliquer ce qui a inspiré ces deux frères américains d’origine tchétchènes à commettre leur acte barbare. Tout au plus voit-on le cadet consulter un site djihadiste pour fabriquer leur bombe mais en dehors d’un dialogue avec un otage on n’en saura pas beaucoup plus.


Si il excelle dans l’action , la fusillade nocturne qui oppose les forces de police aux frères Tsarnaïev intense et spectaculaire est mémorable , les scènes plus calmes comptent parmi le meilleures du film comme l’interrogatoire de l’impénétrable compagne de l’aîné des fréres Katherine Russell (Melissa Benoist la Supergirl de la CW glaçante à contre-emploi) par une mystérieuse agent gouvernementale portant un hijab (Khandi Alexander). Le score anxiogène du duo Trent Reznor-Atticus Ross (The Social Network) contribue grandement à la tension permanente qui baigne le film.


D’aucun pourront être gêné par le caractère fictif du personnage de Wahlberg, amalgame de divers policiers qui lui permet d’être présent à tous les moments cruciaux de l’attentat puis de la chasse à l’homme mais le comédien qui maîtrise à la perfection cet archétype du héros Bergien le le col bleu « qui fait le job » malgré le dédain que lui inspirent les bureaucrates ou les gradés y injecte plus d’émotion et de fragilité qu’à l’habitude et se montre très convaincant.


Conclusion : Après Deepwater , Peter Berg signe une nouvelle réussite avec l’haletant Traque à Boston film choral percutant à l’exécution parfaite mené par un très bon Mark Wahlberg.

PatriceSteibel
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le 6 mars 2017

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