Le hasard fait que j'enchaine deux adaptations du même roman du Thomas Hardy, Tess d'Uberville. Le Polanski d'abord, que j'ai revu avec un plaisir non feint, puis ce dernier film de Wintebottom, cinéaste que j'ai toujours méprisé alors que je n'avais vu que deux films, l'un que j'ai beaucoup aimé (24HPP) et l'autre que j'ai détesté (9 songs). Je ne sais ce qu'aurais donné mon appréciation de celui-ci si je n'avais vu le Polanski l'avant-veille, toujours est-il que j'ai trouvé cette double lecture plus qu'intéressante. D'autant plus intéressante qu'ils y a de nombreux points de divergence entre les deux versions, et comme je n'ai pas lu le roman d'Hardy, je ne sais pas lequel est le plus fidèle. Ici, par exemple, Tess n'a qu'un amant et pas deux (et tout ce qui arrive dans le Polanski avec le second arrive avec le premier) et Tess/Trishna ne se fait pas arrêter par les flics mais se suicide avec le couteau qui lui servit à tuer son mec. Bref, il serait intéressant de savoir qui respecte le texte. Cette vision apporte un éclairage nouveau, même si certains actes majeurs (le meurtre puis le suicide) semblent beaucoup moins justifiés / motivés, bref crédibles ici. Mais l'idée géniale de Winterbottom est d'avoir transposé l'intrigue en Inde, aujourd'hui, un pays où il existe encore des castes, des classes bien distinctes (même si officiellement non) et qui permet à l'intrigue d'Hardy d'être encore totalement contemporaine. Et même si le filmage de Winterbottom a beaucoup de défaut (la caméra bouge trop, les cuts de montages sont trop rapides et fréquents), il faut bien reconnaitre que c'est tout de même moins pire que son collègue tâcheron Danny Boyle (ce qui se fait de pire aujourd'hui en gros). Ici, Winterbottom a au moins le mérite de très bien filmer l'Inde, d'en capter l'agitation, la densité de population en ville, l'indolence de la campagne, le choc des cultures. Bref, son Inde est crédible et conforme au peu que j'ai vu d'elle. Et c'est déjà une grande réussite de parvenir à ça.
FrankyFockers
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le 27 nov. 2012

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