Ah, le début des années 2000… « Gladiator » venait de cartonner en salles, relançant la mode du péplum. Tandis que Peter Jackson sortait sa trilogie « Lord of the Rings », relançant la mode des épopées guerrières médiévales ou antiques. En conséquence, on eut le droit à l’époque à de nombreux films épiques aux héros portant glaives et armures. Parmi eux, « Troy », inspiré des récits d’Homère.


Tout d’abord, que les hellénistes accomplis calment leurs ardeurs : « Troy » n’a aucunement l’ambition d’être une adaptation fidèle d’Homère. Il prend ostensiblement de très larges libertés, telles que des Dieux presque totalement absents du récit, ou une guerre qui est ramenée de 10 ans à environ 15 jours (!). On pourra reprocher ces simplifications (trahisons ?), mais elles étaient très probablement nécessaires au vu de la densité du récit et du nombre de personnages. C’est bien simple, pour traiter en profondeur tous les personnages et les événements de la guerre de Troie, il aurait sans doute fallu une trilogie dans l’esprit de « Lord of the Rings » !


Ces 2h40 sont en effet un peu minces pour aborder convenablement tous les protagonistes du conflit, qui ici sont souvent monodimensionnels. Agamemnon est réduit à un roi orgueilleux, Paris et Hélène à deux tourtereaux ahuris, Ménélas à un mari jaloux et brutal, et Ulysse à un conseiller malin. Seuls Hector et Achille sont finalement au centre du récit, présentés comme les deux champions aux motivations diamétralement opposées (un fils fidèle à sa patrie voulant éviter les effusions de sang, et un guerrier solitaire et marqué par la violence recherchant l’immortalité). Certains diront que c’est un peu limité. Néanmoins cette dualité est suffisamment bien traitée pour ne laisser aucun temps mort à un récit certes fonctionnel, mais efficace.


D’autant plus que « Troy » reste un blockbuster ambitieux. Un budget de luxe (175 millions de dollars !), des décors et costumes qui en jettent, et une distribution chargée de têtes connues. On appréciera d’y retrouver des « gueules » comme Brendan Gleeson, Brian Cox ou Sean Bean dans des rôles (malheureusement) secondaires. Eric Bana s’avère relativement convaincant en Hector. Quant à Brad Pitt, il apparait parfois en décalage avec le reste, mais c’est le sens de son personnage : un guerrier superbement arrogant, totalement déconnecté d’une guerre dont il n’a cure.


Enfin, le film propose aussi de jolis combats et quelques morceaux de bravoure. Le récit et la mise en scène purement fonctionnels ne lui octroient pas le souffle épique qui aurait pu le hisser au rang de ses modèles, toutefois « Troy » demeure un péplum divertissant.

Redzing
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le 12 juil. 2020

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Redzing

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