Trois couleurs : Rouge par Acco
La mise en scène est plus distante qu'à l'habitude chez Kieslowski : on est moins dans l'effet, tout semble plus brut, plus détaché. L'introduction et ses mouvements rapides de caméra restent superbes, on note toujours un gros travail sur la photographie, mais les divers filtres se font plus discrets. La "beauté" est moins évidente au premier abord que sur Bleu ou La double vie de Véronique, mais elle reste tout aussi forte, profitant de cette (relative) économie d'effets. La musique de Preisner est elle aussi plus en retrait, et chaque intervention trouve d'autant plus de résonance.
Jean-Louis Trintignant est incroyable de justesse dans son rôle assez difficile à appréhender : ce pseudo-misanthrope au côté désabusé est criant de vérité. La relation entre les deux personnages offre un vrai rapport psychologique complexe, une idée pas forcément évidente à retranscrire cinématographiquement, mais Kieslowski y parvient avec une réelle intelligence.
Le film dégage vraiment quelque chose. Ne serait-ce que le regard du chien juste après s'être fait renverser... Je continue à trouver ça poignant. Et il fallait oser un tel twist final... C'est le lien avec Bleu et Blanc, la boucle est bouclée.