Film Delonien, période nombriliste, années 80.

Le générique dit tout. Que voilà un spectacle alléchant! Première indication : Alain Delon présente ou produit par Alain Delon je ne sais plus (avec Alain Delon encadré pour qu'on voit bien au cas où on se curerait le nez), avec Alain Delon, et on finit non pas avec un film de Jacques Deray mais avec Les productions Alain Delon plus que jamais toujours encadré. Voilà la mégalomanie et l'egocentrisme du personnage affiché sur la pellicule dès les premiers instants jusque sur le générique de présentation. "Il vous en prie". Les Guignols et autres imitateurs n'ont rien inventé. Delon se regarde le nombril, se touche, et finalement ne jouit que du regard des autres.

Le film reprend une thématique lancinante des films d'Alain Delon dans ces années là. Depuis Mort d'un pourri me semble qui si mes souvenirs sont bons était un chouette polar celui-là.
La thématique est à peu près sensiblement la même : un monde politique véreux, des assassins, un quidam libre, détective ou autre se trouve pris dans le feu de l'action malgré lui, pour sa pomme ou celles de ses amis, et les méchants font rien qu'à l'embêter. Alors il s'énerve et tue du gangster en pagaille.
Ne jamais oublier la bimbo. Dans Trois hommes à abattre, la starlette dont on doit obligatoirement voir les nichons s'appelle Dalila di Lazzaro, jolie italienne qui posait à poil dans les revues italo-françaises de ce temps là et ne savait pratiquement pas parler français mais plutôt bien ouvrir les jambes.

Le scénario, signé entre autres pourtant par Christopher Frank qu'on a connu plus affuté, charrie son lot de violences gentilles, de poursuites de voitures, de coups de poings dans la gueule et de titis aérés. Avec plus ou moins de cohérence. C'est surtout là que le bât blesse : difficile de suivre le film sans pouffer.
Et c'est là donc que le film prend un intérêt démoniaque, cet attrait du nanar consommé. Celui-là part dans des sommets... j'allais dire inégalé.. mais ce serait faux. En effet cette grandiloquence au service d'un personnage, faisant fi de toute vraissemblance, on la retrouve dans bon nombre de nanars au goût douteux et risibles, chez Belmondo également mais peut-être que le prince de ce genre là est Steven Seagal. Il y a du Seagal dans ce Delon, le Delon perdu des années 80, celui qui a lassé le public, qui fait rire par son grotesque regard narcissique, cette mise en scène pathétique au service d'une personnalité imbue d'elle même dans un virage mal négocié. Qu'a-t-il fait depuis?
Aussi ce Delon est-il pour moi le début de la fin, un au revoir, le commencement d'une ère répétitive de films mieux balancés certainement (Le battant, Pour la peau d'un flic, Parole d'un flic) mais dont la structure reste identique, à tel point qu'il est facile de les confondre et qui forme une période, la période polar à deux francs, qui ravit les yeux et les oreilles maintenant. Des films à voir pour rire, de vrais nanars à la française, avec plein de ridicule dedans.

La réalisation de Deray est insipide, ordinaire, oubliable, oubliée. Même Pierre Dux se paye le luxe d'être médiocre.

Seul point positif, la musique de Claude Bolling. Qui roule et qui strike. Play again, Claude!
Alligator
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le 31 déc. 2012

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