La maîtresse anglaise du grand écrivain

Arnaud Desplechin adapte Tromperie, roman assumé comme autobiographique par Philip Roth. Pas simple de retrouver l'équivalence du style de l'écrivain américain à l'écran alors même que ses grands thèmes : les femmes, la judéité, le sexe et la mort, y sont présents. En premier lieu, ce sont les inconditionnels de Roth et de Desplechin qui vont prendre du plaisir à Tromperie. Pour les autres, et malgré une mise en scène qui ne manque pas d'éclat, difficile de rester concentré plus de 100 minutes autour de conversations à deux, le plus souvent entre le grand écrivain et sa maîtresse anglaise. Bien sûr qu'il y a des motifs d'intérêt comme le processus de création littéraire ou le donjuanisme de l'auteur mais le film prend la forme d'un exercice de style qui parfois lasse et auquel davantage d'émotion et de vibrations n'aurait pas nui. Avec l'introduction d'autres personnages (majoritairement des femmes) et même un simulacre de procès de misogynie fait à l'écrivain, le film parvient à relancer l'attention mais reste malgré tout en grande partie cérébrale y compris dans ses moments les plus crus, et il y en a quelques uns. Mais même les contempteurs du film devront reconnaître que Denis Podalydès accomplit un travail très impressionnant et personnifie parfaitement Roth tel qu'on on l'imagine à travers ses écrits. Quant à Léa Seydoux, qui n'a cessé depuis ses débuts d'essuyer des critiques quant à son talent, elle devrait clouer définitivement quelques becs avec son interprétation tout en nuances subtiles.

Cinephile-doux
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le 17 juil. 2021

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