Lorsque je suis tombé sur les premières images de ce Tron Legacy, j'ai tout de suite été subjugué par l'élégance et le style des images... Ou comment réadapter un univers fidèlement tout en le mettant à jour. Toutefois, si le contenant avait l'air impeccable, je craignais un peu plus sur le contenu puisque tout ce qui était avant-gardiste dans Tron n'a maintenant plus grand chose de révolutionnaire. Matrix ou ExistenZ sont passés par là. Craint d'autant plus renforcée par le trailer qui promettait une histoire à la Star Wars. Et c'est exactement ce que les critiquent crient en coeur depuis décembre. Une forme magnifique mais une histoire pas à la hauteur. Bon... Je me réjouissais tout de même de voir cette symphonie Daft Punkienne. Et pourtant... Je ne sais pas comment il est possible de passer à côté de tous les chouettes concepts soulevés par le scénario. Ce dernier est très habile de par sa faculté à jouer avec d'innombrables niveaux de lecture. Je vais essayer d'en décrire quelques-un: 1)l'histoire de base est effectivement assez basique. En gros, il s'agit d'aller du point A au point B tout en faisant un crochet par C. Et ce sans aucun rebondissement. Pourtant, cette simplicité s'avère être assez efficace puisque le film se laisse suivre sans déplaisir sans avoir besoin de se boursoufler au rebondissements inutiles. J'ai beaucoup apprécié le rythme absolument parfait qui ne tombe pas dans le travers d'enchaîner scènes d'actions sur scènes d'action et ce ponctué par trois répliques pour faire avancer l'histoire (là, mon regard se détourne sur le dernier Star Trek). Mais effectivement, s'il n'y avait pas tous les autres niveaux de lecture en filigranes, ça serait un peu pauvre. 2)L'héritage. Ici il est question de plusieurs héritages. Il y a bien sûr l'histoire de filliation entre Kevin et son fils, mais aussi l'héritage de Tron 1 sur ce deuxième film. Et là c'est juste brillant. Au lieu de prolonger la tonalité du premier film, Legacy joue la carte du contraste. C'est noir et désespéré. Cette noirceur n'est absolument pas gratuite. Elle illustre la perte des illusions, des utopies qu'avait la génération de Kevin Flynn lorsqu'elle s'est lancée dans l'informatique. Leur création, que ça soit dans le monde réel où elle s'est transformée en une multinationale avide de profit ou bien dans le monde virtuel qui est devenu une société fascisante, leur a complètement échappé, devenant l'exacte inverse de ce pour quoi ils avaient travaillé. Tron Legacy postule ce constat que quelle que soient les bonnes intentions, elles tendent toujours à dégénérer. 3) Et c'est là que le film prend un parti pris encore plus audacieux. Dans le film, l'unique espoir de ce constat d'échec repose sur les épaules d'une anomalie, d'une génération du chaos qui échappa totalement aux desseins du créateur. Tron Legacy rejette catégoriquement la figure de créateur tout en mettant en avant que la réussite provient uniquement d'une succession de coincidences. Pas difficile de faire le parallèle entre l'apparition des ISO's et celle de la vie sur Terre par exemple. En se posant ouvertement en film anti-divinité, Tron Legacy affiche une volonté sacrément audacieuse pour un produit Disney. Je trouve ce parti-pris assez vertigineux. Il y a encore une multitude de thèmes abordés (l'ego, le deuil, les conséquences d'une idéologie... ) qui fait que ce Tron 2 s'avère finalement assez impressionnant par les pistes de réflexion qu'il offre aux spectateurs. Toutefois il est vrai, il ne le fait qu'en filigrane et de manière pas complètement évidente. Je préfère mille fois cette approche qu'aux scènes archi-pédagogique ou un personnage déblattère des phrases pseudo-philosophiques complètement creuses (pensée émue à l'Architecte des frères Wachowskis ). Je trouve que les scénaristes ont fait un boulot incroyable sur ce film pour parfaitement narrer cet "Héritage" de la même manière que ce qu'ils faisaient sur Lost où les petites histoires venaient toujours s'inscrire dans le puzzle des grands concepts philosophiques (sauf que la fin de Tron 2 est bien, elle ).
el_blasio
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le 27 févr. 2013

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el_blasio

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