Dans la jungle, terrible jungle, l'amour est mort ce soir...

Il est peu connu du grand public et pourtant, le cinéma thaïlandais possède un ambassadeur de choix en la personne de Apichatpong Weerasethakul, souvent récompensé au Festival de Cannes. Tropical Malady a hérité d’un Prix du Jury mérité sans doute même si le film n’a pas emporté ma totale adhésion. J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans, à m’attacher à ces personnages, à être touché par cette amourette simple mais sans relief. Le film, s’il est toutefois très dépouillé, n’a pourtant rien à se reprocher au niveau de la photographie et la mise en scène est à la hauteur également. Là aussi, simple et belle, par exemple la scène où les deux personnages assis discutent face à la pluie. Là où le réalisateur thaïlandais me perd un peu en revanche, c’est dans ses transitions, ses passages à vide et parfois dans ses dialogues. Et d’un coup, je me remets en selle avec la très belle séquence et la jolie musique qui referme la première partie du film. Je ne suis pas un grand amateur de ce genre de transitions au cinéma, pour la simple et bonne raison qu’avec un découpage aussi brut, il est rare que toutes les parties soient au même niveau. Et c’est le cas aussi avec Tropical Malady. La deuxième partie est la meilleure. Peut-être encore plus épurée que la première d’ailleurs. Il faut dire que pendant une heure de temps, le script est réduit au minimum. Apichatpong Weerasethakul choisit donc un style plus hypnotique avec cette chasse à l’homme dans cette forêt inhospitalière où les âmes se séparent de leurs enveloppes apportant à l’œuvre un souffle onirique. Le cinéaste brasse les légendes et les contes pour conférer à son film une atmosphère mystique, de quoi en faire quelque chose d’assez inédit et novateur dans le paysage cinématographique actuel. Après, il y a quand même de longs moments de vide qui ne me parlent pas beaucoup, hélas. Je comprends son évolution au cours du film, son insertion dans la pénombre nocturne, l’avancée de sa « tropicale maladie d’amour » qui sonne comme un voyage initiatique et bien comme un conte que nous raconte le réalisateur thaïlandais par le biais de citations mais qui va s’égarer parfois dans des travers avec ses longueurs et son manque d’émotions, sa romance mièvre et ses incertitudes. Film abstrait donc mais assez fascinant. Je retenterai l’expérience avec plaisir sur d’autres œuvres du cinéaste.
Vino
5
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le 2 mai 2014

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