Troupe d'élite a été une claque, que dis-je ! une fessée cul nu ! A l'époque, le film s'inscrivait dans la logique de « la Cité de Dieu » et remportait un lion d'or amplement mérité. Le film s'intéressait aux problèmes de la drogue au Brésil et aux dérives ultra violentes entre les têtes de morts (GIGN version trash) et les membres du cartel, le résultat était époustouflant : un film d'action nerveux et semi documentaire sur une dure réalité. L'intérêt d'une suite était une interrogation légitime mais c'était sans compter la capacité de Padilha à innover.

L'échec de Troupe d'élite 2 aurait été logique si le film qui se reposait sur ses lauriers. Mais au lieu de faire une redite, le film prend des risques et le spectateur à contre pied. Le film ne s'intéresse plus aux cartels de la drogue, mais aux problèmes de la corruption au sein de la société brésilienne. Reprenant quelques années plus tard, on suit la suite du parcours professionnel de Nacimiento au sein de la sécurité nationale.

L'histoire est aussi palpitante que le premier même si les retournements de situation sont moins nombreux. Car si l'action est un argument de vente, la réflexion de Nacimiento en est le principal intérêt. En 2H de film, Padilha analyse le rôle de la corruption au niveau politique, policier et médiatique, sans oublier d'égratigner le problème des prisons brésiliennes, des flics véreux et des petits bobos de gauches (qui apparaissent bien à coté de la plaque dans leur discours). Le seul point commun de tous ces personnages : l'amour de l'argent et l'ambition qui les dévorent.

Si le seul personnage qui reste égale à lui-même est Nacimiento, il n'en est pas moins exempt de défaut. Enfermé dans un mutisme quasi maladif, le policier finit par comprendre que la seule solution de combattre les problèmes qui vérolent le pays n'est pas celle des armes mais bien celle des mots. Apparaissant comme excusable dans son comportement et parfois condamnable, on ne peut s'empêcher de l'apprécier pour sa droiture et sa volonté de faire changer les choses. En 2H de film, le réalisateur réalise un véritable exposé sur la corruption et la situation politique et sociale de son pays. Un véritable coup de pied dans la fourmilière.

Si la direction de la photographie sait se faire discrète, c'est pour mieux exposer les idées du film. La forme est au service du fond, c'est sans nul doute la force du film et ce qui le rend si intelligent. Lorsque le générique de fin apparait à l'écran, on reste juste abasourdit par un tel déluge de violence et de questions. Le plan final m'a achevé, la première question qui m'était venue était : A quand un troupe d'élite 3 ? Et ma seconde interrogation : Sur quel sujet ? La réponse m'est alors venue naturellement : les dérives du système bancaire établissant le lien entre les politiques et la finance.

CREAM
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le 16 août 2011

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