Pour ceux, et j’en fais partie, qui ne connaissent Truman Capote que très vaguement, ce film vous éclairera quelque peu. Car tout tourne autour de la personnalité de cet être pour le moins déplaisant et physiquement repoussant. Cela tient à une enfance mal vécue, où une homosexualité trop envahissante a atrophié le comportement. Et pour passer outre le regard de la société d’alors très féroce, il faut dénoter. Afficher une supériorité en jouant les demi-mondains sarcastiques, briller par des bons mots trempés dans l’acide et chercher un tremplin à son égo pour laisser une trace dans la postérité. C’est justement cette séquence là que le film veut cerner. Truman Capote va se servir d’un fait divers, le massacre d’une famille dans le Kansas, pour montrer au monde tout le talent qu’il se reconnaît et en écrire « le livre ». Dès le moment de sa rencontre avec Perry (l’un des deux assassins) sa vie va basculer. Il va s’éprendre de lui, non pas par désir ou compassion, non uniquement parce qu’il représente la matière première du chef-d’œuvre qu’il désire plus que tout. Lâcheté, bassesse, manipulation tout est bon pour obtenir satisfaction. Et c’est là toute l’intelligence de ce film que d’exposer avec subtilité cette progression. L’intensité scénaristique est telle que vous plongez dans ce récit glacé avec force et répugnance. Et Philip Seymour Hoffman nous bluffe avec grand art par son interprétation. Pas étonnant qu’il ait eu l’oscar. Il est géant !