Trumbull Land
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Trumbull Land

Documentaire de Gregory Wallet (2018)

Le 7ème Art est une grande énigme, qui fragmente ses pistes de réflexions au fur et à mesure qu’il se renouvelle et se réinvente. Ce que le réalisateur français, Grégory Wallet, souhaite donc poser, c’est une grille de lecture, vue par la famille Trumbull, pionnière dans l’industrie des effets spéciaux. Ces « magiciens », comme on aime les décrire, se dévoilent, notamment à travers Douglas qui nous transporte jusqu’aux étoiles, en passant par la capture de la contemplation abstraite. Ce documentaire, rempli de bonnes intentions et de grandes ambitions, aborde méthodiquement en quoi cette personnalité a révolutionné tout un univers et tout un panel de films, idolâtrés et qui trônent encore comme des références capitales, que ce soit auprès du public ou des artistes du motion design.


Le portrait de l’artiste ne naît qu’à l’essai et il s’agit d’une base que Douglas Trumbull annonce comme une opportunité. Il existe toujours une étape déterminante afin de construire ou déconstruire un projet. Lui, il l’a saisi, en s’inspirant de Kubrick comme mentor, puis en développant de lui-même une vision contemplative du cinéma. L’écran est une passerelle qui se doit d’être nourri, suffisamment assez pour que l’immersion prenne le pas sur le spectateur. C’est en engageant toutes ses forces dans cette motivation qu’il parvient à rendre « 2001 : l’Odyssée de l’Espace » aussi merveilleux. De ce succès a découlé plus de surprises. Robert Wise (Le Mystère Andromède, Star Trek), Steven Spielberg (Rencontres du Troisième Type), George Lucas (Star Wars), Ridley Scott (Blade Runner) et Terrence Malick (The Tree of Life) ont collaboré avec ce génie du spectacle, qui a permis de rendre certaines scènes visibles et palpables émotionnellement. Mais il est loin de se terrer dans l’ombre de ces metteurs en scène, car lui aussi possède bien de l’énergie à revendre.


En décortiquant ses propres réalisations, des modèles précurseurs nous apparaissent comme une évidence, mais la mécanique est bien plus complexe. Grâce à cette multiple casquette, il est en mesure de transposer des émotions de liberté et de légèreté sur l’écran et les personnages sont eux-mêmes soumis aux mêmes règles que nous autres, dans des sièges plus confortables et propices à l’envol mental souhaité. Son « Silent Running » s’illustre comme un prolongement de son expérience et « Brainstorm » résonne comme l’aboutissement de tout ce qui le rend si singulier, une fois à la barre d’un projet à la fois ambitieux et ambigu. Et c’est dans la dualité qu’il avance, qu’il crée et qu’il tire son public vers l’extase. Il y parvient, malgré la difficulté et d’autres épreuves qui fragilisent son équipe, car il reste humain avant tout et il tente toujours de repousser les limites. Ses cicatrices sont nombreuses et douloureuses, ce qui lui redonne plus d’enjeux pour finir sa carrière en beauté.


Ainsi, sur les traces de son père Donald (Le Magicien d’Oz, Spaceballs), qui le soutient grandement, le fils se créer une identité et une âme passionnée. Le savoir comme un des acteurs majeurs dans une transition technologique révolutionnaire a de quoi susciter de l’intérêt ou au moins de la curiosité. Il suffit de l’écouter un instant pour se rendre compte de cette autre dimension dont on ne souligne pas assez l’importance. Dommage que l’on ne confronte pas davantage son art aux autres afin de rendre son discours plus pertinent, mais l’œuvre a préféré se destiner à l’homme derrière l’icône. Pousser son art vers l’expérimental fascinera donc toujours autant, à l’image du documentaire « Jodorowsky's Dune », qui accentue la richesse apportée par le designer Hans Ruedi Giger. Toutes les pièces de l’industrie cinématographique finissent par se croiser et c’est un plaisir de découvrir un « Trumbull Land » encore d’actualité. Espérons que le fameux projet « Lightship » puisse voir le jour dans les meilleures conditions possibles et toujours dans une optique d’exploration infinie.

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le 6 juil. 2020

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