Il s'agit donc d'une histoire vraie. Celle d'un jeune objecteur de conscience qui, après s'être fait malmené par ses supérieurs et ses camarades de chambrée parce qu'il refusait de toucher à une arme, sauva la vie de plus de soixante-dix soldats pendant la Seconde Guerre mondiale. Et les images d'archives qui tombent à la fin du film sont là pour attester crânement du souci de vérité apporté à l'entreprise, certaines anecdotes et phrases ayant été recopiées à la lettre.
Après une longue et pathétique traversée du désert, Mel Gibson tente le retour en grâce derrière la caméra, signant l'un de ces films dont il a le secret mélangeant patriotisme, appel du drapeau, prosélytisme et massacre de l'envahisseur étranger à repousser.
Et force est de constater qu'il n'a rien perdu de sa vigueur. Ici, l'outrance est aussi bien visuelle que rhétorique : les scènes de guerre, spectaculaires et très efficaces, font la part belle aux nombreux gros plans gores sur les membres sanguinolents et les corps éventrés d'où s'échappent des tripes fumantes, tandis que les longues plages de dialogues pleines de bondieuseries, l'omniprésence de la Bible, les prières du héros et un plan final quasi christique sont autant de messages pas du tout subliminaux vantant en mode très premier degré les mérites de la foi et des valeurs chrétiennes.
Sur un angle psychanalytique, il serait intéressant de se pencher sur l'oeuvre de Gibson et d'interroger sa fascination pour l'ultra violence, qu'il enrobe systématiquement d'une idéologie sectaire ; à moins que ce ne soit justement ses ambitions prosélytes qui ne lui servent de prétexte à l'expression de son goût pour la torture et le sang.
En attendant, cet objet filmique se consomme, paradoxalement, assez agréablement.