Même si le résultat n'est qu'à moitié réussi, il faut toujours saluer les réalisateurs hexagonaux faisant preuve d'ambition : c'est assurément le cas de Gilles Legrand ici. Hélas, ambition ne rime pas toujours avec talent, et « Tu seras mon fils » le prouve de manière assez flagrante. Ce qui ne veut pas dire que tout est à jeter, loin s'en faut : on sent l'effort pour offrir un scénario consistant et des personnages nettement moins lisses qu'à l'accoutumée, d'autant que quelques répliques résonnent comme de véritables gifles, ce qui n'est pas rien dans notre souvent trop fade paysage cinématographique français.
Reste que si Legrand avait auparavant signé « Malabar Princess » et « La Jeune fille et les loups », ce n'est peut-être pas non plus un hasard. Car malgré toutes ses intentions plus qu'honorables, l'œuvre dépasse rarement le niveau d'un bon téléfilm techniquement, l'empêchant d'atteindre la force, l'intensité qui aurait pu être la sienne avec un auteur plus doué derrière la caméra. De plus, si Niels Arestrup livre une performance de qualité, celui-ci se renouvelle peu, d'autant que Lorant Deutsch, malgré quelques passages éloquents lui permettant de faire ressentir la douleur de son héros, signe une prestation maladroite et sans relief. Finalement, c'est Anne Marivin qui tire le mieux son épingle du jeu dans ce rôle de femme forte et protectrice. Malgré tout, il n'est vraiment pas interdit de suivre cette opposition dans un univers viticole bien rendu, l'intrigue restant suffisamment intéressante pour que l'on prenne du plaisir devant l'écran : pas un grand cru donc, mais honnête.
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