Tucker & Dale fightent le mal par Weltschmerzsan

Alors que le film est déjà sorti depuis belle lurette dans les salles obscures outre-Atlantique, "Tucker & Dale vs Evil" ("Tucker & Dale Fightent le Mal" en bon français) débarque tout juste dans notre beau pays. Accompagné d'une série de louanges longue comme la liste de mariage de William et Kate, c'est avec une grande excitation doublée d'une certaine appréhension que je me suis dirigé vers le Multiplex près de chez-moi.
Première constatation, la salle était vide. J'étais le seul spectateur de la séance (ce qui entres-nous n'était pas plus mal tant j'ai été traumatisé par ma première expérience zombielandesque). Les pubs et les bandes annonces diverses et variées défilèrent et les lumières s'éteignirent. "Tucker & Dale" pouvait enfin commencer.

Tucker & Dale sont deux rednecks aussi sympathique que lourdauds. Venant tout juste d'acheter au fin fond des Appalaches, une bicoque devant leur servir de lieu de villégiature, ces derniers voient leur vacances très rapidement bouleversées par l'arrivée d'une bande de jeunes citadins nourris au film d'horreur et aux légendes urbaines en tout genre. Suite à un malheureux quiproquo, ces derniers vont s'auto-persuader que Tucker et Dale sont de dangereux tueurs en série. La situation pourrait se compliquer encore un peu plus quand on sait qu'un vrai psychopathe pourrait bien être de la partie.

La première chose qui frappe, c'est qu'à l'instar de Christopher Smith avec son "Severance" (les deux films partageant d'ailleurs de nombreux points communs), Eli Craig ne n'embarrasse pas de son histoire. Pour lui, l'identité de la menace n'est guère importante et se trouve être rapidement expédiée. Non, le plus important est de détourner les codes du genre de façon à créer une osmose bien particulière. Les scènes les plus abracabrantesques s'enchaînent à vitesse grand V et c'est un vrai plaisir de voir nos deux zigotos essayer de se sortir d'une situation de plus en plus inextricable. Franchement généreux dans le gore, le film n'hésite jamais à lier intimement une mort atroce et une blague potache. Un peu comme dans "Severance" d'ailleurs.
Sauf que dans ce dernier, le bon mot, la scène comique servait à désamorcer la scène horrifique. Dans "Tucker & Dale", c'est plutôt l'inverse. L'ensemble est vraiment drôle et on sent que les acteurs ont pris véritablement beaucoup de plaisir à jouer dans le film. Quant aux dialogues, ils s'avèrent très réussis et mettent parfaitement en évidence le côté 'je suis à côté de la plaque' de nos deux anti-héros. On se souviendra pendant longtemps de cette histoire de broyeur et de caution.
Petit détail qui tue : Pour une fois, la VF est plutôt bonne. Mention spéciale à la voix française de Chloé (une sorte de Bimbo horripilante (pléonasme ?) à la Paris Hilton) qui colle parfaitement au personnage.
Le seul regret qu'on pourrait trouver au film (hélas assez récurant de nos jours), est que la bande-annonce dévoile beaucoup trop d'éléments de l'intrigue. C'est d'autant plus gênant que le film est au final assez court (moins de 90 minutes).

"Tucker & Dale Fightent le Mal" constitue un excellent divertissement qui n'a d'autre but que de nous faire passer un pur moment de détente. Servi par un casting au top, "Tucker & Dale" est, à l'instar de "Severance" ou de "Zombieland", une excellente comédie horrifique qui n'a de cesse de s'approprier les codes du genre pour mieux par la suite les détourner.
Si on voulait faire la comparaison de rigueur, c'est du côté de "Shaun of the Dead" et de "Severance" qu'il lui faudrait trouver une filiation. C'est particulièrement flagrant au niveau de l'humour du film qui fleurte constamment à l'instar de ces deux homologues anglais avec l'absurde et le non-sens. Et vous savez quoi ? Visionner "Tucker & Dale" m'a donné l'irrésistible envie de regarder pour la énième fois "Severance"... et puis tiens, je le chroniquerai dans la foulée.