La vérité, c'est simplement que ce film emmerde les critiques.


La BO... A base de Patty Smith, the Specials et Leonard Cohen, on pourrait presque oublier l'image.
Et pourtant l'image...
Et ce doigt d'honneur...


C'est sans concession, sans aucun répit que Tueurs Nés dégueule au spectateur l'histoire d'amour la plus viscérale que j'ai vu depuis Sailor et Lula. On a devant nous Romeo et Juliette, le vrai.
Le rythme cette tuerie est déglingué. Dés la première scène la couleur est annoncée, on aura droit à une épopée hallucinée sans complexe qui n'aura de fin que quand Oliver Stone l'aura décidé.
Là ou souvent les films ont un coup de mou à l'occasion, Tueurs Nés ne lache rien. C'est dopé à la merde de licorne.


Je me souviens de chaque scène, et de pas mal de lignes. C'est suffisamment rare pour être avoué.
Et pourtant c'est pas facile, tant les raccords sont rapides, à la fois totalement délirant et justes. Les centaines de plans d'un quart de seconde contribuent infiniment au délire.


Délire ? Surement mais foutrement juste. Il faut considérer la célèbre parano des américains, leur amour des flingues, leur haine bien profonde des natifs. Il faut penser au rêve américain qui reste bien profondément ancré dans leur cortex. Il faut penser à l'utopie d'un amour inconditionnel qu'une tractopelle nommée Hollywood a enfoncé dans leurs rêves.
Tueur Nés joue avec ces clichés, les torture jusqu'à donner une vision sordide au spectateur vis-à-vis de la stupidité de tous ceux qui ont cédé face à la dictature de l'image.
Pour preuve cette première scène ou l'on voit un journaliste que Ken lui-même a déféqué après une soirée trop arrosée, ou dans un soucis d'audimat il met en scène la croisade meurtrière des deux fous amoureux qui tuent pour mieux baiser.


Sans la réalisation sous lsd, difficile d'imaginer si ce coup de fusil dans la foule aurait été aussi perçant.
Oliver Stone était inspiré. On peut l'dire ma bonne dame.
En dehors de la scène d'entrée, j'ai commencé à ouvrir la bouche comme un goret qu'on empiffre à la confiture alors qu'on découvre une scène de vie plutôt dure sur l'héroïne, filmée comme dans une mauvaise série tv comique. Les rires enregistrés, la musique grotesque, le tout sur un fond d'inceste accepté par toute la famille.
La suite accélère, et Patty Smith accentue le manque de complexe des deux tarés qui battent la 666 à coups de fusil à pompe.
Et c'est sans compter la réalisation. Le cadrage, le choix artistique est putain d'osé ! Un mauvais choix et ce film est relayé au niveau des bouses pondues par les frustrés sans talent qui sortent des beaux arts. Mais ça n'arrive jamais. Donc c'est du génie ?
Le labyrinthe de filtres verts, rouges, bleus, de noir et blanc et de raccords entrecoupés d'images quasi subliminales vient choquer la rétine, mais sans jamais lasser. Le type sait doser. Et c'est presque incroyable de dire que ce type dose tellement la cassette est truffée d’enchaînements délirants d'effets de rendus Y'en a partout.
Le réèl se mele aux angoisses, la couleur fait place au noir et blanc, puis revient. Les flashbacks éclairs pullulent, crus. Toujours au moment idoine. Quand souvent je roule des yeux quand on m'enfonce un arbre nommé flashback dans le fondement, j'applaudis ici la justesse avec laquelle Oliver Stone réussit à tracer les premières lignes du dessin de la danse macabre des deux protagonistes.
Je veux regarder ce film une nouvelle fois en mettant sur pause à chaque transition, chaque arrière plan.
Essayez de remplir une canette de bière avec 2 litres de whisky, et faites le sous speed. C'est ça Tueurs Nés.


Les deux acteurs crèvent l'honnêteté. Lors d'une scène hallucinée chez un indien, alors qu'on réalise pour la première fois que ces deux âmes en peine peuvent effleurer une paix dont ils ignorent tout, le film se densifie psychologiquement. La relation naïve du début fait face à un amour inconditionnel qui connaîtra une fin à l'image de l'intensité de leur idylle.


It's Poetry. It's fucking poetry même !
On m'a menti. C'est pas un gros délire violent comme tout le monde en fait la pub.
C'est l'Amour.


Hum... C'est pas évident de revenir dans la vie. C'est mal de tuer. Mal. Mal. Mal. Mal. C'est mal.
Aidez-moi !

rtlpn
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le 26 oct. 2015

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