Présenté par Dominique Chapatte ?

On a eu l’oiseau qui rêve d’enfin voler. On a eu le rat qui veut faire de la cuisine. Le panda qui rêve de devenir expert en art martiaux. Le zèbre captif qui veut retourner à l’état sauvage. L’abeille qui veut poursuivre les humains en justice. Le petit éléphant qui veut prouver l’existence d’une ville de lilliputiens. Et maintenant, voici l’escargot qui veut participer aux 500 miles d’Indianapolis… euh… oui… vous allez voir que tout le règne animal va y passer avec un rêve de plus en plus étrange.

Théo est un escargot qui est devenu fana de vitesse, à force de regarder à la télévision les exploits de Guy Lagagne, recordman de victoires aux 500 miles d’Indianapolis, avec 5 succès, rien que ça. Il boit ses paroles et ses discours motivants. Aucun rêve n’est trop grand, etc. Mais son entourage n’approuve pas, mais il n'a aucune chance en théorie... oui, c'est vu 1000 fois. La suite est plus singulière bien sûr. Un soir il tombe au milieu d’une course illicite, et tombe dans le compresseur mécanique d’une voiture de tunning, voilà son ADN mélangé au protoxyde d’azote ce qui le rend super rapide. Oui… bien sûr…

Aidé par un vendeur de Tacos nommé Tito, il va essayer de participer aux 500 miles d’Indianapolis. Un point un peu nébuleux, il y a certains passages où Tito semble bien trop comprendre ce que lui dit Turbo. Il réussit à attirer l’attention des gens sur le circuit et une vidéo de lui en pleine action fait le tour du monde, les instances sportives retiennent donc sa participation. Un escargot va donc participer à l’Indy 500, au milieu de 32 autres bolides. Et me voilà avec un souci :

Dans la mesure où les films familiaux ont toujours une morale quelconque à rabâcher avec plus ou moins de nuance, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas m’y arrêter : Quelle morale est enseignée ici ? Une partie « Croire en ses rêves, s’accrocher… » Ok. Classique, mais ok. Mais en début de film il met en danger la vie de ses congénères, fout en l’air la vie de son frère, et ce dernier au bout d’un moment viendra presque s’excuser de ne pas avoir cru en lui… s’il pouvait suivre ses rêves sans niquer la vie de tous ses congénères, ce serait cool aussi, non ?

Mais surtout, quand il découvre les pouvoirs, Tito dit à Turbo « Je me fiche de savoir de quel labo secret tu viens mais tu es génial ! » Et quand le monde entier le découvre, ils n’ont qu’une phrase à la bouche : « Cet escargot fonce ! ». Quoi qu’il en soit, outre le fait que personne ne se demande vraiment comment Turbo peut aller si vite, gagner les 500 miles d’Indianapolis ? C’est un travail pour…

La triche ! Ben… oui. Approuvée par tous mais quand même. Est-ce qu’une morale « La faim ne justifie pas les moyens », « Il est bon de se donner à fond mais il faut aussi savoir trouver ses limites » ne serait pas plus juste ? Ici non, comme il a un rêve le sens des réalités ne compte plus. Bon évidemment il ne pourrait pas participer à la course sans son pouvoir. Mais prenez la fin de Cars, Flash participe à la course mais réalise qu’il y a plus important « Ce n’est qu’une coupe vide », et il fait un beau geste. Or notre petit Lance Armstrong à d'autres vues.

Mais je ne reviens pas là-dessus. Le film a aussi des bons moments. Je ne le trouve pas terriblement drôle mais certains passages sont quand même pas mal : Le personnage de Guy Lagagne peut l’être, c’est à croire qu’il passe plus de temps à préparer ses speechs motivants qu’à s’entrainer. Les potes escargots de Turbo aussi peuvent parfois être assez drôles. C’est la première fois à ma connaissance qu’un dessin animé utilise les réseaux sociaux pour faire avancer l’intrigue. J’apprécie les parodies de vrais pilotes sur la grille de départ de la course, et durant celle-ci, certaines touches d’humour sont bienvenues.

De nos jours, à moins que le budget ne soit pas là, les films d’animation crées par ordinateur sont tous nickels, je pourrais presque me passer de relever qu’un film m’a flatté la rétine. Mais c’est à mettre au crédit du film alors… oui, techniquement le film en envoie. Ça se ressent notamment durant la course. Mais tout ça ne suffit pas. Je vais sortir la phrase inévitable : Certes, les enfants et les fans de sport mécaniques y trouveront certainement leur compte, au moins un temps.

Mais on a vu film plus drôle et personnages plus attachants. Et surtout on a envie de dire à Dreamworks : Prenez un risque ! L’escargot qui participe à l’Indy 500 c’est la partie originale, mais ce n’est pas suffisant pour masquer les codes vus des tonnes de fois derrière. Les films d’animations sont trop nombreux à se ressembler, et quand je vois qu’ils prévoient surtout des suites dont deux à Madagascar qui est pourtant une licence déjà morte, ce n’est pas rassurant. Entendons-nous bien : Turbo n’est pas mauvais intrinsèquement, mais il est bien trop prévisible et noyé dans la vague de projets tous plus frileux les uns que les autres.