Turn Me On, premier long métrage de Jannicke Systaf Jacobsen - 1h16 en Super 16 bien poétique - revient sur l'éveil sexuel d'une adolescente norvégienne. Une adaptation d'un livre de Olaug Nilssen, sorti en 2005. Après quelques plans sur la petite ville de Skoddeheimen et pour une bonne entrée en matière, on retrouve la jeune Alma sur un carrelage de cuisine, excitée par un appel aussi rose que surtaxé. Les hormones travaillent, ses fantasmes ponctuent habilement le film.
Après avoir rusé devant un supermarché pour quelques gorgées de bières, Alma et deux de ses amies ne peuvent s'empêcher d'imaginer leur vie bien loin de ce coin paumé. Elles ont passées l'âge de jouer au trampoline et s'ennuient à un arrêt de bus. Saralou, la petite brune, ne manque pas une occasion pour tendre son majeur en direction du panneau à l'entrée de la ville. Son rêve, une forme de militantisme : l'abolition de la peine de mort au Texas. La troisième, Ingrid, n'oubliera sûrement pas son stick à lèvres. Le dépaysement total serait déjà de compter les innombrables virages pour descendre à Oslo. Modern Drift des danois d'Efterklang dans les oreilles.
Sara Lou n'hésite pas à correspondre avec des condamnés pour leur faire part de leurs petits tracas. Et plus précisément d'un évènement bien particulier : les pulsions d'Alma pour le jeune Artur lors d'une soirée. Ne réussissant pas à tenir sa langue, sa réputation en prendra un coup avec le sobriquet ultime : "Pikk-Alma".
Le film bascule, sans pour autant mettre un frein à ses envies. Lit d'herbe ou draps froissés. La mère d'Alma, catastrophée en détaillant sa facture de téléphone, ne sait plus comment s'y prendre. Célibataire (ou presque), elle multiplie de son côté les séances de jogging. Par contre, la voisine en sait long sur les escapades de la blondinette. L'histoire touche à sa fin, sous des rayons de lumière blanche. Pour ceux qui aimeraient pousser le vice, amusez-vous en regardant Happy Happy.