Il y a des films comme ça, d’une qualité plus que discutable mais qui vous font regretter ce qu’ils sont par rapport à ce qu’ils auraient pu être. Et malheureusement pour la saga mi romantique mi vampirique, la qualité globale de l’œuvre laisse à penser qu’on se situe dans cette veine-là. Du moins c’est ce que je pensais avant d’aller voir le dernier volet, Breaking Dawn part 2, que la traduction française semble se plaire à massacrer avec ses titres à rallonge. Essayons de passer au-delà de ces bizarreries linguistiques et laissons donc une chance à ce dernier opus d’enfin nous convaincre. Ce Twilight 4.5 allait-il être le final insipide tant redouté ou enfin être à la hauteur de son potentiel dramatique ?


SPOILER ALERT


Le film commence là où s’était achevé le précédent volet. Bella a rejoint la race de son bien aimé Edward. Transformée pour survivre à l’accouchement violent de sa fille hybride, elle voit enfin son rêve se réaliser : Elle est vampire. Enfin vampire selon les codes de la saga Twilight. Donc on a pas d’excroissance au niveau des canines, on brille au soleil et l’ail on s’en fout. Les rageux continueront de rager et les fans se délecteront. Renesmée, sa fille, est désormais surveillée nuit et jour par le loup garou imprégné Jacob. Mais cette naissance d’un autre genre va vite attiser la curiosité et le côté belliciste des Volturies, aristocratie vampire toute puissante de l’histoire. L’affrontement semble inévitable.


Tourner autour du pot quand à la qualité supposée de ce film serait lui faire trop d’honneur. C’est consternant, c’est navrant, c’est creux, c’est plat et surtout pas du tout calibré pour moi. C’est là que ce film et toute la saga s’échappe systématiquement des diatribes que j’adorerais lui asséner. Twilight pose en fait les bases d’une question que l’on n’aime guère se poser : « Suis-je d’une autre époque ? Suis-je daté ? » On peut même aller jusqu’au fameux : « Suis-je ringard ? »
Il est vrai que le conservatisme est l’ennemi naturel de ce genre de film, celui qui prend des mythes séculaires comme les vampires et qui les envoie à portée des ados. Twilight est peut être précurseur d’une nouvelle forme (monstrueuse) d’appréhender l’art. Passer d’entretien avec un vampire à la saga Twilight, et peut être que comme moi, vous y verrez une certaine décadence du cinéma moderne. Une façon de dire qu’au 3ème millénaire, tout est permis.
Mes paroles ne sont pas celles d’un homme en colère. Elles sont celles de quelqu’un d’incroyablement frustré. Votre serviteur est, vous l’aurez compris, partisan plus qu’acharné du respect des vieilles valeurs. En gros, tu as le droit de faire un film sur la mafia si tu vas d’abord fleurir la tombe de Marlon Brando.


Le problème de Twilight, c’est qu’il n’a aucune légitimé pour prendre autant de libertés avec son ancestral modèle. Car qu’on le veuille ou non, l’Histoire existe. Et l’Histoire des vampires, c’est surtout à monsieur Brahm Stocker qu’on l’a doit. Le génial créateur du mythe moderne du Vampire grâce aux aventures de Vlad L’Empaleur alias Dracula, a posé des bases qu’on ne peut se permettre de repousser comme si elles ne comptaient pas. Car comme pour presque tout, on peut entrer en sédition, il faut juste le faire bien…


Car toucher au mythe de cette façon peut s’avérer risqué. Mais pas avec Twilight. Pourquoi ? Parce que bien qu’ils soient mauvais, les films et les romans dont ils s’inspirent sont malins. En visant un public relativement jeune, et donc avec moins de repères culturel, la saga vampirique rafle la mise. Les ignares qui aiment quand il fait nuit et les midinettes qui trouvent que l’amour c’est tout ce qui compte constituent le gros de l’armée de fans. Ainsi faisant, Twilight installe sa propre mythologie. L’exception qui devait être en marge devient la norme. Une norme médiocre et facile. Il y avait surement de meilleurs livres à adapter…
Au niveau de l’histoire à proprement parler c’est à se flinguer. 2h de blabla, d’attente, de préparation pour finalement voir un peu d’action, qui en fait n’existe pas. Si le retournement de situation est plutôt malin, il finit d’achever le profane qui pensait pouvoir enfin se divertir. Comme monter dans des montagnes russes après 2h de queue pour finalement se faire dire que l’attraction est en panne. Twilight, ou le parfait simulateur de file d’attente.
Après il y a toujours le romantisme apparent du film. Il ne me touche pas. Je crois en l’amour, mais pas en celui la…
La musique du film colle bien à l’ambiance mais ne reste pas en tête, preuve que la partition n’est pas particulièrement inspirée. Il est vrai que tout le monde ne s’appelle pas Hans Zimmer ou John Williams.
La photographie reste agréable et graphiquement le film est sympathique et s’arme d’effets spéciaux de qualité, sans être révolutionnaires. Mais cela fait bien longtemps qu’on a compris que l’excellence n’est pas dans le cahier des charges de Twilight. Pourquoi se creuser la tête à façonner un chef d’œuvre puisqu’aujourd’hui les dollars pleuvent avec du médiocre ?
La réalisation ? Elle n’existe pas. Bill Condon subit la loi du studio tout puissant qui lui dicte sa ligne de conduite. La preuve en est, depuis le premier volet, la saga reste la même, et pourtant le réalisateur n’est jamais le même pour les 4 épisodes.


D'un point de vu interprétation, que dire... Kristen Stewart est tellement… linéaire. Le même visage figé depuis le premier volet qu’on retrouve normalement chez les femmes cougars pleines de Botox de plus de 50 ans. C’est malheureux surtout que l’actrice ne manque pas de charme. Peu ou pas d’émotion, plate et sans saveur, Stewart, enchaînée malgré elle dans un personnage bête à manger du foin ne résiste même pas, et c’est bien dommage…
Robert Pattinson incarne un personnage creux lui aussi. On aimerait lui dire soit beau et tais toi. Je laisse au beau sexe le soin de juger ce critère de beauté. Mais pour le silence on repassera. Rob parle, parle souvent. Et l’intérêt de ses dialogues est aussi inexistant que son charisme. Il était bien meilleur dans Harry Potter et la coupe de Feu, sans doute grâce au destin tragique de Cédric Diggory.
Dernier membre du trio magique, Taylor Lautner est quand à lui en roue libre. Ecarté par Bella de la course au titre à la fin d’Hésitation, le bodybuildé Jacob Black traverse le film dans le rôle du faire valoir. Là aussi dommage. Personnage, sans plis et sans tâche, Lautner rappelle sans le vouloir que depuis plusieurs siècles, ce sont les blancs qui commandent, et pas les indiens…


N’en jetez plus, la coupe est pleine. Et pas de sang. De larmes de tristesses. Et encore je n’ai pas pris ma plus grosse coupe parce qu’en cherchant il y avait surement moyen de la remplir un peu plus. Je pense toutefois m’être fait comprendre. Jouant à fond la carte du fan lobotomisé, Twilight finit sa course à l’endroit prévu, là où se croisent les mythes et le 21ème siècle hollywoodien (cf Abraham Lincoln chasseur de vampires).A force de jouer à l’apprenti sorcier et à tenter des mélanges tous plus bêtes les uns que les autres, L’industrie du divertissement s’acharne dans le navrant, tout en prenant soin de donner du sérieux à la mythologie qu’il bâtit, navet après navet… Il parait que ça plait aux jeunes. Je me sens subitement très vieux, et comme je le disais plus haut, peut-être même ringard. Vlad, par pitié, reviens…


ChernoBlood

KarterK
3
Écrit par

Créée

le 13 juin 2016

Critique lue 205 fois

Cherno Blog

Écrit par

Critique lue 205 fois

D'autres avis sur Twilight : Chapitre 5 - Révélation, 2e partie

Twilight : Chapitre 5 - Révélation, 2e partie
facaw
3

Elle répondait au nom de "Bella"... ♫

Une sacrée épopée cette saga Twilight quand même. Ce phénomène du 7ème art chez les fans du roman et des adolescents prepubères et souffre douleur chez les cinéphiles aguerris. Ces derniers temps je...

le 15 oct. 2013

46 j'aime

11

Twilight : Chapitre 5 - Révélation, 2e partie
jojo691338
1

Twilight : Chapitre 5 - Révéla...quoi?, 2ème partie

Le fait de critiquer la saga Twilight que ce soit sur le plan littéraire ou sur le plan cinématographique c'est comme taper sur un tétraplégique : c'est facile et ça n'a pas grand intérêt. Cependant...

le 14 nov. 2012

26 j'aime

18

Du même critique

Kong : Skull Island
KarterK
6

Monstres et Compagnie

Tout ce que je pense de ce film a été résumé par un quidam des réseaux sociaux: "Un film visuellement de série A avec des personnages et une histoire de Série B" Cela exprime parfaitement mon avis...

le 12 mars 2017

2 j'aime

Logan
KarterK
8

LES GRIFFES DE LA NUIT (Easy)

Exercice de style compliqué que d'offrir une fin à un héros de Comics. Sa principale caractéristique étant d'être immortel grâce à la parution continue de ses aventures que ce soit chez Marvel ou DC,...

le 1 mars 2017

2 j'aime

L'Idéal
KarterK
2

PARCE QU'IL NE VAUT RIEN

[SPOILER ALERT] 90 minutes assez ennuyeuses ou Beigbeder se casse la gueule de sa tour de suffisance en tentant d'adapter son propre roman "Au Secours Pardon". Faussement cynique, pas forcément dénué...

le 21 juin 2016

2 j'aime