Twin peaks, fire walk with me est sans aucun doute un chef d'oeuvre d'un des plus grands réalisateurs actuels, David Lynch. Le film a été très critiqué à l'époque, pourtant il a autant de mérite que Lost highway et Mulholand Drive. C'est sûrement le film le plus dur de son auteur tant au niveau de la violence visuelle que des thèmes abordés (inceste, descente aux enfers, drogue). Le film commence tout d'abord avec un prologue qui raconte l'histoire de Teresa Banks. A vrai dire, c'est la partie la moins réussie du film, tournée essentiellement vers l'absurde mais qui assure en quelque sorte la transition avec la série.. Le film bascule et change de ton quand on passe à Laura Palmer. A partir de là, le film gagne en noirceur, Laura Palmer semble être pris dans un engrenage qui semble inévitable tout comme le spectateur qui connaît son sort.
Il faut souligner que ce film contient à mon avis les plus belles séquences de la filmographie de Lynch comme par exemple cette longue séquence dans la boîte de nuit avec le magnifique morceau de Badalamenti dans une lumière rouge sang qui annonce une séquence finale absolument grandiose et baroque avec un maniérisme que l'on connaissait pas à David Lynch. De même, il y a des séquences absolument terrifiantes comme celle où Laura monte les escaliers dans la maison. On voit ici le talent de la mise en scène de Lynch qui crée une tension le long du film et des sursauts de peur chez le spectateur. Ce film semble animer d'une présence maléfique à travers chaque plan. Lynch fait parti de ces cinéastes qui ont la capacité à créer des ambiances très singulières.
Le film est l'un des plus émouvants de son auteur. Comment ne pas être touché par cette adolescente qui comprend que sa fin est proche mais qui ne peut rien faire pour l'éviter ? Comment ne pas être ému par ce père qui lutte contre le mal qui le ronge ? Lynch cerne l'humain dans toute sa simplicité et sa fragilité.
Le film est marqué d'images poétiques qui restent gravées dans la mémoire du spectateur, comme cet enfant avec un masque blanc et cette vielle dame. Lynch crée un univers et invite le spectateur a se laisser embarquer en prolongeant le film avec sa propre imagination. On peut comprendre que certains spectateurs se sentent frustrés de ne pas comprendre grand chose à certains moments, comme la séquence avec David Bowie. Mais Lynch ne perd jamais son spectateur si celui-ci se rattache à des éléments plus globaux que les multiples détails dont le film est pourvu. Le film est source d'interprétation, mais toutes se valent. C'est ce qui fait la valeur des grands films qui n'emprisonnent jamais leurs spectateurs dans une intrigue bien ficelée pour donner un sentiment de fierté chez le spectateur. Ainsi l'image de l'ange qui disparaît du tableau de la chambre de Laura et qui réapparaît à la fin du film reste un mystère pour de nombreux spectateurs.
On peut souligner la façon dont Lynch donne une puissance esthétique à ces décors, que cela soit l'appartement de Laura, ou encore la chambre rouge. Il y a une influence qui semble inévitable avec les films de Dario Argento à mon sens.
Bref, chef d'oeuvre incompris d'un auteur dont l'imagination et la créativité fait de ce film son terrain de jeu. Nécessaire pour tout amateur de David Lynch ou de cinéma en général.

Zedicop
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le 25 janv. 2016

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