UNE GROSSE ARNAQUE!!! (avec des majuscules, pour bien signifier que c'est bidon)

David Lynch est un grand réalisateur, qui a fait de grands films, et a frappé un grand coup avec la série Twin peaks (qu'il a co-crée avec Mark Frost).

Il est compréhensible qu'il ait voulu approfondir l'univers de la série. Ce qui l'est moins, c'est la stupidité abyssale du résultat, qui réussit l'exploit d'être à la fois bêtement explicatif, explicitant très platement le peu de mystères qui restait autour de la mort de Laura Palmer, tout en versant dans un onirisme complètement (mais alors complètement) ridicule..

Un des charmes de la série était la fascination qu'exerçait le personnage de Laura Palmer, qu'on ne voyait jamais, et dont la présence hantait pourtant toute la série. Bien au contraire, l'argument de Fire Walks With Me est de suivre les derniers jours de Laura Palmer. Pour un réalisateur se gargarisant souvent de ne jamais vouloir expliquer pour ne pas gâcher les mystères de son univers, on s'étonnera donc de cet approche narrative quelque peu idiote à la base. Soit. Mais en donnant des choses idiotes à jouer, en dirigeant très mal son actrice Sheryl Lee, pourtant douée, Lynch arrive à éventer le mystère fondateur du culte Twin Peaks.

En fait, Lynch détruit un à un les éléments marquants de la série, comme le personnage décalé de Dale Cooper (qui me fascine pourtant au point d'avoir usurpé son nom pour mon pseudo), qui n'est ici qu'un fantoche désincarné, Kyle Machlachlan ayant visiblement compris avant Lynch que la fête était fini il y a bien longtemps. Les apparitions de Chris Isaak, Kiefer Sutherland et surtout David Bowie sont aussi en tout point vaines et ratées.

La séquence de fin, ayant des velléités oniriques, n'arrive en fait qu'à rendre évident les tics de la mise en scène de Lynch, qui accumule les pires choix artistiques possibles, paraissant plus se caricaturer lui-même qu'autre chose.

Le seul qui fait un boulot fantastique, c'est Angelo Badalamenti, qui reprend l'univers musical qu'il a crée pour la série, tout en le développant, en l'enrichissant, en lui donnant une dimension supérieure. En somme, tout ce que n'arrive pas à faire Lynch.

On notera que le film débute par un travelling arrière partant d'un écran de télé, qui se fait finalement fracasser à la hache. Lynch a peut-être par là voulu signifier sa volonté de faire passer son histoire à un autre niveau, le cinéma, en détruisant son ancien médium, la télévision. En l'état, cette note d'intention apparaît en fait comme la triste volonté mesquine d'un créateur de détruire son jouet, ayant échoué à comprendre ce qui faisait son charme, qui appartenait intrinsèquement au tube cathodique, auquel Lynch a pourtant (avec ses collaborateurs) donné ses premières lettres de noblesse.

Pas cool, David.



Dalecooper
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le 28 janv. 2011

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