Sur les conseils avisés de ce cher Mymp, une fois encore, je me suis laissé convaincre et suis donc allé voir Two gates of sleep. Voilà un premier film singulier qui entre dans ma catégorie « des films qui se méritent ». Trois salles seulement à Paris et six dans toute la France (dont une à Nantes, message personnel). Le film n’est pas vraiment facile d’accès, ceci explique peut être cela. Il était tout de même à Cannes et à Deauville cette année et dans de nombreux festivals. Attention si vous attendez de l’action mieux vaut passer votre chemin (et allez voir MI4). C’est lent, très lent. Mais pas long. Cela dure à peine une heure vingt, on a l’impression du double mais on ne s’ennuie pas. Les dialogues sont réduits à une part incongrue. Voilà ce qu’on appelle un film contemplatif. La poésie et le morbide s’y côtoient sans problème. Quelque chose entre Délivrance et Le nouveau monde. Très vite on se fiche un peu de l’histoire, du pourquoi et du comment. On est fasciné par cette épopée de deux frères trimballant le cadavre de leur mère (Karen Young Vers le sud) en milieu hostile vers un lieu inconnu. Ils ne se parlent pas, leurs émotions étant seulement exprimées par leurs visages et leurs corps. Les deux acteurs, Brady Corbet (vu dans Mysterious skin, Funny games US et Melancholia) et David Call, sont formidables et vraiment habités. De vraies révélations. Tout comme le jeune réalisateur Alistair Banks Griffith (aussi scénariste et monteur), qu’il va falloir suivre avec intérêt. Sa mise en scène est juste bluffante, à la fois fluide, simple et tranchante comme un rasoir. Que ce soit sur le fond ou sur la forme, le travail est minutieux et juste magnifique. Les images sont splendides, à couper le souffle. Un film mystérieux et sans concession. Sans doute l’un des meilleurs premiers films de l’année et l’un des meilleurs du ciné indé américain de ces derniers temps. Une œuvre puissante, très maitrisée, dure et tendre, aussi fascinante et envoutante que dérangeante et difficile. Une vraie belle surprise, un vrai choc.
ffred
8
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le 4 nov. 2014

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ffred

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