Two Lovers est le quatrième film que je visionne lors de mon cycle James Gray et il tombe pile au moment où je commençais à me dire que les films se ressemblaient sur les thématiques et sur leur ambiance...et sur le casting mais ça, c'est moins grave. Oui c'est vrai que d'un côté, c'est à ça qu'on repère un auteur mais d'un autre, on a un sentiment de lassitude comme j'ai pu avoir avec John Woo. Enfin bref, après avoir enchaîné La Nuit nous Appartient, Little Odessa et The Yards qui abordaient tous le milieu de l'illégal et la famille avec un ton brutal, je suis heureux de voir que Gray s'est détaché de ça et s'est renouvelé, tout en gardant certains codes de son cinéma, avec ce Two Lovers. En effet, ici on dit au revoir aux gangsters et bonjour aux amoureux, et oui, James Gray nous raconte une histoire d'amour, et il le fait bien, très bien.
Tout d'abord, je vais m'attaquer à ce qui fait de ce film, un film de James Gray. Même si je n'ai pas vu l'entièreté de sa filmographie, j’aperçois déjà quelques éléments récurrents. Évidemment, ça se voit dès l'affiche, la présence de Joaquin Phoenix qui apparaît dans 50% des films de Gray. Et oui faut le dire, c'est un réel plus de l'avoir dans un film, quel acteur quand même. Je l'ai trouvé réellement excellent dans ce film, pour jouer un personnage amoureux ou pour nous faire passer des émotions, il excelle dans tout et surtout pour jouer des personnages torturés (comme Joker <3 <3). C'est dingue mais ce cycle Gray l'a propulsé dans mon top 15 acteurs et j'ai tellement hâte de découvrir ses autres films (Her et A Beatiful Day en priorité). Ensuite, quelque chose que je trouve très réussi dans tous les films du cinéaste : la tension. Et c'est dingue mais même dans un film romantique, il arrive à instaurer de la tension, par exemple, on redoute où le moment où quelqu'un va se rendre compte des choix de Léonard, je n'ai pas arrêté de me demander comment les autres personnages vont réagir et j'ai appréhendé une grosse scène de dispute ou autre scène à émotions fortes. Autre caractéristique de notre cher James, les parents du personnage principal qui sont d'origine étrangère, qui résonne un peu comme une autobiographie ou un hommage à ses propres parents. Puis pour finir, mettre les personnages au centre du récit en les privilégiant presque même à l'intrigue.
Attention spoilers
Les personnages justement, ce qui est probablement le plus intéressant à analyser dans un film de Gray. On suit la vie de Léonard (interprété par Phoenix), un homme qui vit très mal, qui déprime à longueur de journée. La scène d'intro en dit beaucoup sur lui, on assiste à une tentative de suicide (bonne ambiance) et c'est surprenant de voir un film qui débute avec quelqu'un qui tente de se suicider, c'est surprenant et en même temps ça paraît tellement logique, en moins de 5 minutes, le réalisateur a posé une ambiance qu'on devine sombre et un personnage qui se sent mal. Dans les minutes qui suivent, on a l'explication de ceci : Léonard a dû se séparer de sa fiancée à cause d'une maladie. Ce fut un véritable coup dur pour lui et il a véritablement du mal à s'en remettre. A partir de cet événement, il a été se réfugier chez ses parents et s'est complètement fermé au monde, il dit qu'il s'en fout des gens, pour ça qu'il ne les photographie pas. Ah oui, Léonard a une passion à côté de son travail à l'entreprise de son père : la photographie en noir et blanc dont il se sert probablement pour fuir ses problèmes. Il fait la rencontre de Sandra, la fille des amis de ses parents, lors d'un dîner et il tombe rapidement amoureux d'elle et elle aussi tombe amoureuse de lui. Du coup on se dit que tout va aller mieux pour Léonard....c'était sans compter sur la rencontre avec une autre fille, sa nouvelle voisine de cour, Michelle (incarnée par Pepper Potts). Et là il craque complètement, encore plus qu'avec Sandra. Surtout qu'ils ont quelque chose en commun : la déprime. Michelle se fait gueuler dessus par son père, se sent coincée dans son boulot d'assistante d'un avocat (tout comme Léonard se sent coincé entre ses parents et son travail au pressing) et surtout, elle n'a pas confiance en elle au point de se droguer à l'ecstasy. Le problème, c'est qu'elle est avec quelqu'un, Ronald, dont elle est la maîtresse. Ce qui va être intéressant maintenant, c'est l'évolution des dilemmes amoureux.
En effet, après avoir présenté des personnages très attachants, on se demande comment la situation va évoluer et comment vont finir nos protagonistes. Two Lovers, deux amants, ça désigne d'un côté Léonard qui doit choisir entre Sandra et Michelle et d'un autre, Michelle qui doit choisir entre Léonard et Ronald. Il est clair que Léonard préfère Michelle à Sandra, il semble moyennement attiré par la dernière et veut s'en « servir » pour attirer Michelle par la jalousie. Cette dernière demande l'aide de Léonard pour savoir si Ronald est sincère avec elle, dans le cas contraire, elle le quitterait. Forcément, Léonard va lui dire que non pour éliminer la concurrence et pouvoir déclarer sans problème sa flamme à Michelle. Ce qu'il arrive finalement à faire, par conséquent, Michelle et Léonard sont ensemble et décident de quitter New York pour s'échapper de cette sensation de blocage et se sentir libres. Mais rien ne se passe comme prévu en amour et alors qu'ils sont prêts à partir, Michelle annonce qu'elle décide revenir avec Ronald puisqu'il a tout avoué à sa famille, a quitté sa femme et ses enfants pour vivre avec elle (et accessoirement, il l'a miss enceinte). Et là, c'est le drame, Léonard est détruit de l'intérieur et ouais, quelle scène, on pourrait se dire qu'il n'y a rien de dramatique mais le contexte du film rend cette scène super dure et j'étais pas bien du tout. Il décide finalement d'aller avec Sandra, même s'il sait pertinemment qu'il ne sera pas heureux. Ce qu'il faut retenir, c'est que Léonard et Michelle avaient besoin d'amour, d'être aimés et d'aimer, de partager des sentiments, de se sentir libres pour se sortir de la déprime (on le voit quand il s'attarde sur un couple dans le métro) mais l'amour ne tient qu'à un fil et qu'on a rarement ce qu'on veut, disons qu'il faut s'en donner les moyens.
En conclusion, c'est un film romantique à l'ambiance sombre et la brutalité physique des autres films de Gray se transforme ici en brutalité sentimentale. J'ai été complètement investi dans cette intrigue, je me suis facilement attaché aux personnages et l'évolution de leur relation m'a fortement intéressé. Bref, un film qui fait plaisir à voir, qui a toute sa place dans la filmographie du cinéaste, je le conseille fortement à ceux qui ne l'ont pas vu alors que les films romantiques, ce n'est pas ce que j'affectionne le plus (du tout). 8/10