L'histoire est on ne peut plus banale : un homme tombe amoureux d'une femme en pleine crise d'auto-destruction pendant qu'une autre, parfaitement épanouie tombe amoureuse de lui. S'en suit un trio amoureux implicite où chacun cherche à séduire l'autre et à sortir de la difficulté de vivre sa vie.
Première chose, Joaquin Phoenix est magistral. Il campe un photographe frustré et bipolaire qui se débat dans sa vie ennuyeuse (il aide son père dans le pressing familial) après que sa fiancée l'ait quittée pour raisons médicales. Leonard est suicidaire, à fleur de peau et, du fait de sa bipolarité, il alterne les périodes de désespoir profond et d'euphorie démonstrative. Dans tous les cas, Phoenix est impeccable, toujours touchant, arrivant là où on ne l'attend pas. Vraiment bluffé par sa prestation.
Les actrices quant à elle font leur boulot. S'il manque Vinessa Shaw un peu de charisme pour être vraiment marquante, Gwyneth Paltrow rend bien à Joaquin Phoenix la monnaie de sa pièce, en jouant son double féminin (elle en proie au doute lié à sa relation avec un homme marié... la drogue en plus). On ne la voyait plus depuis un moment, elle fait un joli retour sur grand écran.
Et comme pour le film précédent de James Gray ("La nuit nous appartient"), les personnages secondaires sont discrets mais efficaces, Moni Moshonov (le caïd du précédent film) en tête.
Seconde chose, Gray confirme qu'il a un joli coup de caméra. La lumière, les images et l'ambiance sont vraiment très réussies. Il plane en permanence une mélancolie plus ou moins déprimante, New York est gris, terne, impersonnel, un peu étouffant... On est pris dans le flot dès les premières images et on n'en sort qu'à la dernière scène.
L'histoire est simple mais belle, les sentiments justes, tout comme le jeu des acteurs. Et le tout est porté par de belles images ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas pendant les presque 2 heures que durent le film. La bande-annonce n'induisait pas en erreur.