Ce que montre très bien Two Lovers c'est qu'il n'y a pas beaucoup de souffrances psychologiques plus grandes que la désunion de soi-même.
Le drame de Léonard n'est pas de n'être pas aimé - comme d'autres héros littéraires - ni d'être aimé par deux femmes - ce qui est après tout plutôt flatteur - mais bien de se sentir déchiré entre deux désirs.
Deux désirs qui sont précisément de nature différente et donc incomparables au premier sens du terme. Sandra, la brune (Vinessa Shaw), appartient à sa communauté, sa culture. Elle est la garantie d'une continuité familiale et d'une sécurité économique. C'est en quelque sorte l'amour de raison. Michelle, la blonde (Gwineth Paltrow), représente la rupture, la possibilité d'échapper à un destin qui semble tout tracé. C'est l'amour passion. Le télescopage de ces deux désirs génère un mal-être qui n'a d'issue que dans un choix complexe, difficile, douloureux. Et ce sont justement deux choix qui délivreront Léonard de son tourment : le premier, le sien, en choisissant l'une de ces deux femmes et le second qui revient-en retour - à l'une d'elle. Une belle situation psychologique, inspirée d'une nouvelle de Dostoïevski, Les Nuits Blanches et remarquablement mise en scène par James Gray.
Joaquin Phoenix est parfait dans un rôle tout en sensibilité. J'ai en revanche été nettement moins convaincu par l'interprétation de Gwineth Paltrow, ce qui a quelque peu gêné mon intérêt pour cette double histoire d'amour à laquelle je n'ai pas totalement cru. Dommage.
Personnages / interprétation : 6/10
Histoire / scénario : 8/10 (envie de lire la nouvelle de Dostoïevski)
Mise en scène / réalisation : 8/10
7/10