Leonard est en chute libre.


La 30aine, il est atteint de la maladie de Tay Sachs, suit son traitement aléatoirement, ce qui ne l'aide pas à limiter ses phases maniaco dépressives.
Renfermé et désinvolte, il vit chez ses parents, travaille dans la boutique de son père.. et rate ses tentatives de suicide.


Ses parents lui présentent Sarah, jolie brune séduite par sa fragilité, et déjà acquise à sa cause.
En même temps, Leonard rencontre Michelle, la blonde, elle-même instable, volage, et très désirable.


Le décor est planté. Sur fond de dépression, sera-ce le choix de la blonde pour la passion ou la brune pour la raison ?


Non le sujet n'a pas été traité 1000 fois...ce n'est pas une love story. James Gray réalise une équation parfaite, une démonstration que si nos choix peuvent être une fuite de notre héritage familial, notre aliénation en fait un jeu perdu d'avance ! La recherche de la relation amoureuse est un alibi.


Aucune débauche de sentiments; le film ne verse jamais dans le pathos, et capte avec précision les émotions que Leonard peut ressentir pour l'autre, tout en restant évasif sur ce que l'autre peut percevoir.


Le modèle "mainstream" de la famille choisi par Gray facilite beaucoup sa mise en scène, mais le poids de l'héritage familial et culturel sur les choix de Léonard est extrêmement bien traduit.


Un poids qui influe clairement Leonard à contredire son héritage par ce que le bien-pensant appellera: "une crise d'adolescent attardé", et le rebelle: "la liberté" ;


Le père "exemplaire", la mère "attentive", la place morale de la copine dans la famille, s'ils sont des concepts stabilisants, comme pour Leonard, nous sommes aussi amenés à défier notre raison, celle qui nous dit de vivre "conformément"... Il n'y a de bien-pensants ou de rebelles que pour qui veut l'entendre.
Et comme il n'est pas nécessaire d'être malade pour faire de mauvais choix, J Gray a mis en scène un bipolaire. Très agile car le "mauvais" choix n'existe pas.


J Gray signe son art par une toile de fond habituelle; la vie à New York. Un élément tout sauf anodin car il donne l'occasion d'ouvrir une page très esthétique. Probablement qu'un tournage en noir et blanc aurait été adapté...


Amateurs de jeu d'acteur, regardez le film juste pour la prestation de Joachim Phoenix. Renversant. Il fait oublier tous les autres acteurs pourtant très bons (ok je m'emballe un peu).


Un an après We own the Night (2007), film flamboyant et macabre, tragédie là encore familiale enracinée dans l'exil, l'immigration, le fric, la corruption, les flics et les voyous, Gray continue à surprendre avec brio, sans changer les ingrédients.
Du GRAND CINEMA DAUTEUR .

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8
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le 12 mai 2016

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