"JOE" !!!

Quand on pense "cinéma muet anglais", généralement on ne pense qu'aux débuts d'Alfred Hitchcock et surtout à son premier grand film The Lodger. Quand je pense Anthony Asquith, je pensais "réalisateur conventionnel qui peut donner un très bon film, voire même un excellent film, voire même à une reprise un chef d'oeuvre avec L'Ombre d'un homme, si le scénario et les acteurs sont à la hauteur" ; donc aucune audace technique et narrative à l'horizon... Comme quoi, il y a vraiment des choses qui débarquent de là où on les attendait pas du tout.

Bon, le scénario est hyper-prévisible de bout en bout donc rien à chercher de ce côté-là... Par contre la technique et la narration. Le montage, les angles de vue, la profondeur de champ (les séquences tournées en extérieur dans la campagne anglaise sont excellentes !!!), brillants et audacieux... Mais ce qui m'a le plus bluffé, c'est la manière dont le réalisateur introduit le long flashback... Maintenant, ce procédé narratif est habituel mais par contre à l'époque, ça devait être d'une modernité étourdissante.

Pour la curiosité d'époque, on notera une séquence qui se fout de la gueule du cinéma parlant, supposé être ennuyeux pour le public au contraire du muet... Un coup d'épée dans l'eau pour ce film de la fin d'une époque, qui marque paradoxalement le sommet mais aussi en même temps la mort d'UNE période du cinéma...