Il parait que toute pub est bonne à prendre et pourtant, j’ai l’impression que le tapage qu’il y a eu autour d’Un Français à sa sortie l’a desservi. J’ai entendu tellement de critiques mitigées (voire carrément négatives) que je n’avais plus vraiment envie de le voir.
L’une des piques qui revenait souvent était que c’était un sous American History X, à la française. Je n’ai plus le film en tête, et même si je l’avais beaucoup apprécié à sa sortie, c’est peut être tant mieux car j’ai pu regarder le film de Diastème sans entrer dans le jeu des comparaisons.
Alors au final ça donne quoi ? Et ben, bien qu’on rentre directement dans le vif du sujet (on voit un groupe de skins poursuivre et tabasser un groupe d’homos), la scène d’ouverture m’a donné l’impression de manquer d’un peu d’ampleur. Et les suivantes, démontrant la violence de l’univers dans lequel vit Marco s’enchainent de manière très répétitive, sans réellement provoquer d’émotion.
Le réalisateur n’essaye jamais d’expliquer ou de juger la psychologie de son personnage (même si on voit qu’il vient d’un milieu défavorisé et qu’il n’a peut-être pas eu trop de bol à la base, c’est pas surligné non plus), et on constate par ellipses, son évolution sur plusieurs décennies. Et paradoxalement, ce parti-pris neutre, finit par marcher car sa rédemption et son changement de mentalité se fait d’une manière progressive et ne parait pas ahurissante. On est à ses côtés et on comprend ses réactions lorsqu’il revoit certains de ses copains qui eux n’ont pas réussi à se débarrasser de leur haine : comme eux, il doit subir les conséquences de ses choix (il est rejetté violemment de plusieurs côtés). A travers plusieurs personnages, on devine les autres voies qu’il aurait pu emprunter. C’est fait de manière plus subtile qu’il n’y paraît au départ et au final, Diastème en profite pour égratigner pas mal de travers sociétaux contemporains de notre cher pays (parfois par des petits détails assez anodins -le nom qui apparaît sur la tombe de sa mère m'a surpris-), et fait des rapprochements entre plusieurs événements «malheureux» qui ont tous été soutenus par un certain parti politique (amis de la Manif pour tous, bonjour). Mais ne vous attendez pas à un procès à charge contre cette formation politique, car même si on a aucun doute sur la fibre politique de Diastème (non, le FN n'est pas un parti comme les autres), son film est avant tout une histoire de rédemption, qu’il a réussi, par la force de son réalisme et en évitant un discours moralisateur, à rendre très forte.