Je ne suis pas un grand fan des comédies françaises. Même si certaines restent des monuments de drôlerie, je trouve généralement qu’elles sont assez lourdes et ont tendance à prendre leur public pour des débiles. De plus, à la différence des comédies anglaises, américaines ou italiennes, il est extrêmement rare qu’elles arrivent à mélanger les genres. Ce que je veux dire par là, c’est que par exemple, aux Etats-Unis quand ils sortent un mélange de film policier et comédie ça donne Fargo ou Kiss Kiss Bang Bang. C’est-à-dire des films très drôles mais qui restent aussi d’excellents polars. En France, ça n’existe pour ainsi dire pas … Une comédie doit être une comédie et rien d’autre. C’est pour ça que j’attendais Un Petit Boulot. Le pitch de base nous présente un jeune quadragénaire qui se retrouve sans emploi suite à la fermeture de son usine et à qui un ami limite mafieux propose une grosse somme d’argent pour tuer sa femme. Voici donc un scénario idéal pour mélanger intrigue policière, film social et comédie. La présence de Pascal Chaumeil derrière la caméra m'encourageait d'autant plus qu'il a déjà prouvé, avec l’Arnacœur par exemple, qu’il était un des rares en France à l’aise avec l’exercice.
Alors ? Pari réussi ? Et bien oui, et avec mention qui plus est ! Le film gagne sur les trois tableaux. Il est très drôle, propose une intrigue policière (un peu basique, certes) qui tient la route et se place dans un contexte social intéressant. Car, outre le fait de parler de la crise économique et de l’effondrement des zones industrielles, c’est véritablement le besoin de trouver sa place dans la société et la reconnaissance par le travail qu'on retrouvera en filigrane. Le personnage de Romain Duris est dans un premier temps choqué et rempli de scrupule à l’idée de devenir tueur à gages, mais rapidement, il finit par aimer l’idée d’être de nouveau un citoyen productif. Aussi absurde puisse être cette productivité, il sent qu'il a de nouveau un rôle à tenir et un rôle dans le système.
L'aberration de cette condition devient rapidement le principal ressort comique de l’œuvre. Portée par un Romain Duris, dont le charisme augmente avec les années, cette envie de bien faire du héros en devient hilarante. Chaque scène de meurtre est un sketch en soi, jouant sur du comique de répétition ou de situation. Je retiendrai personnellement le gag récurrent lié à la détonation des armes et surtout l'assassinat sur une plage espagnole franchement hilarant. Cette efficacité, le film la doit en grande partie à son écriture. En plus de partager l'affiche avec Duris, Michel Blanc a également écrit le scénario et les dialogues. Et il y a du Michel Audiard au travers de ceux-ci !
Diablement distrayant et efficace, Un Petit Boulot est un très bon élève. Soyons clairs, il ne révolutionne en rien l'industrie et souffre d'un petit ventre mou en cours de route. Le film s'encombre en effet, à mi-parcours d'une love story peu intéressante qui ralentit le rythme. Mais qu'est-ce que c'est plaisant de voir une bonne comédie française, intelligente, bien écrite, bien jouée, ... C'est typiquement le genre de film qui nous venge des Camping 3 ou autres Visiteurs - La Révolution. Des œuvres comme Un Petit Boulot me confortent dans mon idée qu'il est encore possible de se rendre en salle pour voir un film hexagonal grand public, drôle et intelligent.
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