Lola Créton rayonne. Son partenaire agace. Un Amour de jeunesse oscille entre le pompeux et la grâce, pâtissant d’un premier segment que l’on supporte avec peine – la faute à la monotonie dudit Sullivan qui se complaît dans des déclamations pseudo-rohmériennes proches du pédantisme –, jouissant d’un découpage subtil et d’une photographique élégante. On ne vibre de cet amour qu’en l’absence du garçon, lorsque les mouvements du corps de Camille, lorsque les traits de son visage s’animent ou retiennent ce quelque chose de passionnément destructeur, ce feu que l’on aimerait éteindre mais qui continue à alimenter le foyer intérieur. Car la jeune actrice possède ce qu’il faut de fragilité et de beauté pour illuminer à elle seule l’entièreté du long-métrage. Mia Hansen-Løve ne paraît pas lui faire confiance et surcharge son film de références symboliques dont le nombre s’avère en proportion inverse à leur impact dramatique : les rares moments de flottement écrivent les plus belles pages de cette romance de la douleur et du désespoir. Ainsi la longue plage de voyages germaniques puis nordiques donne-t-elle lieu à un cheminement magnifique parmi les bâtiments et leur architecture. On y voit Camille chercher et se chercher, s’efforcer de reconstruire du vital sur une lueur d’amour qui jamais ne disparaîtra. Le grand amour, cet Amour de jeunesse, est à l’image du chapeau de paille voguant sur les flots tumultueux de l’existence : il échappe à quiconque entendrait s’en rendre le détenteur ; il définit l’amant comme un éternel insatisfait et, parce que celui-ci éprouve un tel sentiment d’incomplétude, n’a de cesse de le projeter dans l’immédiateté de son présent, temps écartelé avec les fragments du passé et ce qu’ils dessinent comme perspectives.