On est grosso modo au milieu de la carrière de Lumet quand sort ce thriller dramatique assez atypique. L’histoire est celle d’un duo qui lors du braquage d’une petite banque de quartier se retrouve coincé dans les lieux, cernés par les forces de l’ordre. C’est la négociation entre les braqueurs et la police qui fait office de fil rouge. Beaucoup de choses remarquables dans ce thriller d’un autre temps. On appréciera d’abord cette introduction immersive qui nous présente la vie quotidienne de Brooklyn par une succession de scènes de vie urbaine. Le décor est planté et on est loin de Las Vegas. L’image est âpre, le cadrage précis, la musique absente. En soi, la scène de la prise de contrôle de la banque n’est pas l’objet du film et elle permet surtout de comprendre le rôle de chacun des personnages, braqueurs et employés. C’est un élément important car tout ça est avant tout une aventure humaine qui brouille les pistes préétablies. Ainsi, les employés ne sont pas tout à fait des victimes ni des pourritures capitalistes et les voleurs ne sont ni des Robin des bois ni des sadiques cyniques. C’est par touches que l’on en apprend davantage sur chacun. Des portraits touchants parce que profondément humains. Pour autant, le suspens est très bien entretenu et constamment renouvelé malgré cette situation de huis-clos. Mais la véritable performance est celle de Pacino. Fabuleux Pacino. Phénoménal Pacino. En pure rockstar, il sait attiser la foule et il faut le voir haranguer les passants et disserter sur les inégalités. D’une puissance dingue. Et dans ce petit théâtre, ce sont tous les enjeux sociaux et politiques de cette Amérique des 70’s qui sont mis en scène. Des partis pris osés et un discours qui claque sans perdre de vue la nuance et l’émotion (réelle et sans les artifices musicaux habituels). En clair, Un Après-midi de Chien est un thriller de son temps qui rappelle tout ce qui manque au cinéma américain actuel. Une réussite totale à ne pas manquer si l’occasion se présente.