Récit à la sheherazade. Léger d'abord puis soudain grave, comme un vin avec du retour ou comme ce Schubert, pris entre les feux de la légereté mozartienne et de la gravité d'un Beethoven qui est ici amplement utilisé ou plus encore comme ce baiser qui donne son titre au film et dont on ne sait s'il sera léger ou profond. La question fondamentale est d'ailleurs: y a-t-il une différence entre eux? Et cette légereté ne s'avère-t-elle pas en fin de compte bien supérieure en richesse et en force... Mouret est chatouillé par cette intuition qui faisait dire à un chef d'orchestre en jouant Mozart "Que ce soit joyeux à en pleurer"...
Maîtrise de plus en plus impressionnante du récit donc et de tous les aspects cinématographiques qui l'articulent, jusqu'au souci du décor (lui aussi sérieux ou drôle selon les situations comme ces grands visages au mur qui vous regardent, ces tons bruns et blancs qui vous unissent à lui ou ces avertissements de feu et de mort que vous ne remarquez pas.)
Un art toujours aussi consommé d'épingler avec tact (par le récit et non la morale) et avec humour nos hypocrisies de pensée, nos résolutions vouées à l'échec et nos stratégies d'aveugles...
Du grand art, dans une tradition très française depuis les 3 M (Molière, Marivaux et Musset). On ne badine pas avec un baiser ni avec la mise en scène du réel...

JM2LA
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le 2 mars 2016

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JM2LA

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