Est-ce moi qui ai actuellement un balai dans le biiiiiiiiiiiiiiip ou mes réalisateurs chéris auraient-ils un petit coup de mou ? Après la triste tiédeur Amalric, voici Claire qui décroche de très loin le pompon de « J'attendais trop ton nouveau film et j'ai voulu mourir en le voyant ».


Quand on te dit que Claire Denis prépare avec Christine Angot une variation des "Fragments d'un discours amoureux" de Roland Barthes et qu'elle a choisi Juliette Binoche pour jouer son Isabelle, tu as au minimum un début d'érection (C'est bon les filles, vous pouvez choisir l'expression qui vous sied).


Mais quand tu découvres le film, t'as compris au bout de 5 minutes que pendant la préparation de celui-ci, les trois terreurs ont très rapidement foutu à la poubelle les "Fragments" afin de s'attaquer direct à l'adaptation de "Belle gueule de bois" de Pierre Deschavannes, le tout au bord de la piscine de l'Hôtel Costes bien entendu.


Comment expliquer autrement que par cet abus d'alcool et de paresse ce ratage complet, totalement incompréhensible dans la carrière d'une réalisatrice toujours en marge, ne semblant vivre que pour la prise de risque, quitte à désarçonner la grande majorité des spectateurs potentiels ? Certains me répondront que le fait de s'attaquer à une comédie romantico-populo-dépressive est justement une nouvelle preuve qu'elle n'est jamais là où on l'attend, qu'elle prend là le plus grand des risques, celui de se priver de son fidèle public, celui des bobos. Ok, objection retenue, et même avec grand plaisir.


Mais alors comment expliquer que, moi bobo assumé, ai failli hurler à plusieurs reprises devant ce truc ? Pourtant du bobo, il y en a durant ces 94 minutes, il vous suffit de jeter un œil sur la liste des acteurs secondaires et vous allez vous régaler ( Philippe Katerine en bourgeois barré qu'on croise toujours devant la poissonnerie, quelle audace Claire ! ), tellement qu'on croirait feuilleter le manuel " Comment placer dans votre film des amis bobos que seuls les spectateurs bobos pourront reconnaître et donc se sentir trop bien parce que c'est quand même chouette l'entre-soi ? ". Et je vous rassure, la presse bobo adoooooooore le nouveau film de Claire. Vous savez quoi Les Inrocks, Cahiers & Co ? Un jour à force de prendre vos bobos pour des abrutis, ils vont vous renvoyer leurs abonnements dans la gueule, parce que là ça commence vraiment à se voir.


Mais entre le bobo et le beauf il n'y a parfois qu'un grattage de fesses dans le canapé, et Miss Denis a glissé du côté obscur, celui de Beaufland, là où habitent tous ses personnages vulgaires, méprisant et méprisables, plus antipathiques les uns que les autres, de véritables clichés sur pattes. Et que dire de ces dialogues qu'on croirait tout droit sortis d'une daube, pardon d'un film, de mon chouchou.


L'agacement face à ce cirque misanthrope a très rapidement laissé place chez moi à l'ennui, plutôt que de vouloir gifler ces êtres dénués de toute vie intérieure, je les ai rangés là où ils méritaient de se trouver, dans la case de l'ignorance.


Pour ne pas finir sur une note trop négative, je tiens à signaler qu'il y a bel et bien un soleil dans ce film, du nom de Binoche. Et allez soyons fous, même une autre éclaircie, tout à la fin, quand Depardieu entre en scène pour 7 minutes formidables, à vous faire maudire encore plus les 87 passées.


NB : Un conseil Claire, car je vous aime ( surtout quand vous faites un magnifique clin d’œil - peinture au mur - à ceux qui vénèrent votre "Trouble Every Day" ) : « N'essayez pas de faire populaire, ça se voit quand on ment, et laissez Angot retourner à ses livres et chez Ruquier où elle a indéniablement un certain talent pour faire pleurer les jeunes femmes trop fragiles larguées dans la fosse aux lions par des salauds sans scrupules. »

takeshi29

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