Force est d'admettre qu'il s'est définitivement passé quelque chose dans la carrière du très (oui, il l'est) drôle Manu Payet depuis sa prestation dans l'excellent Radiostars de Romain Levy.


Un simple déclic déjà amorcé dans l'un des segments du film à sketchs Les Infidèles pour certains, le franchissement d'un palier supérieur au sein du giron des comédiens made in France pour les yeux les plus observateurs.


Car au-delà d'incarner l'un des seconds couteaux les plus attachants de la comédie hexagonale depuis près d'une décennie maintenant, ce touche-à-tout de l'humour avait su démontrer l'espace de quelques scènes (et plus encore que dans Nous York) qu'il n’était pas qu'un simple déconneur parmi tant d'autres.


Confirmation peu de temps après avec son premier passage derrière la caméra pour Situation Amoureuse : C'est Compliqué, romcom tendre et rafraichissante qui arrivait à renouveler avec malice un genre ultra-balisé à coups de références bien senties et de personnages principaux aussi sincères que joliment croqués.


Un bon petit bonbon acidulé sans prétention autre que de divertir son spectateur, qui fondait dans le coeur des cinéphiles et non pas sur sa pellicule.


Une réussite qui le mena - finally - à faire le grand pas vers un vrai premier rôle d'envergure, celui qu'il trouve cette semaine dans Un Début Prometteur, second long métrage d'Emma Luchini après Sweet Valentine.


Ou la mise en image de l’œuvre éponyme signé Nicolas Rey (son ex-compagnon à la ville), qui officie d'ailleurs ici au poste de co-scénariste aux côtés de Luchini et Vanessa David.


Dans la péloche, Payet y campe Martin, un auteur alcoolique en instance de divorce qui doit faire un retour forcé au sein du logis paternel ou il y retrouvera donc son cher géniteur mais surtout son jeune frangin, Gabriel.


Un nouveau quotidien qui sera fait de picole et de répliques cinglantes sur l'amour et la vie en général, mais qui se verra pourtant très vite chamboulé par l'arrivée de la pétillante Mathilde, dont Gabriel va follement tomber amoureux...


En poivrot/boulet philosophe et désabusé qui sort à peine de cure, Manu Payet ne s'offre pas uniquement la performance la plus inspiré et naturel de sa jeune carrière cinématographique, il se paye également le luxe de porter sur ses larges épaules un film dont il est sans conteste l'attraction principale.


Son verbe séduit à chaque dialogue, son physique mi-hipster mi-épave lui sied à merveille et la finesse de son jeu saupoudré d'un humour noir savoureux fait tout simplement des ravages, à tel point que l'on regretterait presque qu'il ne squatte pas tous les plans.


Puisque dans cette dramédie douce et divertissante mais un peu trop décousue pour réellement convaincre, contant un portrait bienveillant et enlevé d'une famille d'hommes hauts en couleur qui verront leur vie chambouler par l'arrivée d'une séduisante tornade blonde; ce sont clairement les interprétations souriantes de son casting vedette qui sont principalement à retenir.


Celle de Payet en tête donc (qui mériterait amplement, même si il est encore un peu tôt, sa nomination aux prochains Cesar), mais aussi celles de la sublime Veeerle " Alabama Monroe " Boetens (lumineuse, sa reprise de Barbara est renversante), de Zaclaire Chasseriaud (moins convaincant que dans le récent Au Plus Près du Soleil) et du toujours impeccable Fabrice Luchini (sobre et délicat).


Ou quatre bonnes raisons de découvrir l'élégant et mélancolique Un Début Prometteur qui, malgré un script partant dans tous les sens et un manque de rythme et de profondeur évident, s'avère in fine assez attachant et contient suffisamment de beaux moments pour divertir et ne pas entièrement laisser sur sa faim son spectateur.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.com/2015/09/critique-un-debut-prometteur.html

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le 24 sept. 2015

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